Nice-Matin (Cannes)

 mois de prison pour les dealers d’ecstasy

- J.S.

Après la saisie par les policiers cannois de centaines de cachets d’ecstasy en marge des Plages Electro le week-end dernier, six individus avaient été appréhendé­s et présentés lundi en comparutio­n immédiate devant le tribunal correction­nel de Grasse présidé par Sandra Moulayes.

Il s’agissait de Hamdi Albog, un Tunisien de 21 ans et trois autres de ses compatriot­es, Aimen Jlassi, 23 ans, Khalil Stiti, 20 ans et Feres Taleb, 24 ans, puis un Italien de 32 ans, Khalil Chamen et enfin un Algérien de 25 ans, Said Meziani. Ils étaient poursuivis pour détention, offre ou cession, acquisitio­n et transport non autorisés de stupéfiant­s.

Perquisiti­on à La Bocca

C’est l’attitude réticente devant le portique de sécurité, vendredi soir, de Feres, qui avait conduit les agents de sécurité à demander l’interventi­on de la police. Le jeune homme avait balancé un sachet contenant 85 comprimés, enfoui dans son slip de bain, tous labélisés d’une étoile. Une façon de les rendre plus attractifs et festifs... Son interpella­tion allait conduire à la perquisiti­on d’un appart’hotel loué par ses soins pour abriter toute la bande à La-Bocca. Là, on découvrira le stock de comprimés répartis dans des commodes, tables de nuit, enveloppés dans des teeshirts, 553 au total. Il y a aussi un sac à dos appartenan­t à Khalil Stiti supposé avoir servi au transport, et 6,6 Grs de cocaïne et une barrette de cannabis. « Feres m’a dit qu’il voulait vendre de l’ecstasy avec ses copains, j’ai tenté de le raisonner » déclarera-t-il aidé par une interprète.

Une étoile flippante

Tous les cachets portant la même marque de fabrique – le smiley étoilé – permettent d’établir le lien entre la drogue stockée et celle déjà saisie. Et de soupçonner des allers-retours jusqu’au festival electro sur la Croisette. Interrogés l’un après l’autre par le magistrat, tous livrent une version différente des faits, accusant Feres Taleb d’être le commandita­ire puis désignant Kahlil Stiti ; l’un d’eux allant même jusqu’à demander la clémence du tribunal et l’arrêt de poursuites engagées contre lui s’il dénonçait le véritable responsabl­e de l’opération ! La présidente demande d’un ton sévère : « Qui a mis la drogue dans cet appartemen­t ? » Elle n’obtiendra pas de réponses claires.

Un dossier difficile à juger

Ce qui fait dire au procureur de la République Fanny Philibert « qu’il s’agit d’un dossier difficile à juger tant les versions changent depuis les premières déclaratio­ns faites aux enquêteurs jusqu’à celles livrées au tribunal. Il y a néanmoins trois éléments objectifs : Feres a été interpellé en possession de 85 comprimés d’ecstasy, les résultats de la perquisiti­on de l’appartemen­t, le contexte de l’évènement propice à retenir une population de consommate­urs potentiels. Mais tous ont une responsabi­lité, tous ont menti, tous se connaissen­t. » Elle requiert 30 mois de prison avec mandat de dépôt.

Aux intérêts de leurs clients Me Evane Peireira-Engel et Me Stéphanie Dantzikian reconnaiss­ent « qu’on ne sait strictemen­t rien sur le niveau de responsabi­lité de chacun et qui à fait quoi mis à part Feres et le fait que la drogue venait probableme­nt de Paris. »

Le tribunal les condamnera tous à une peine de 30 mois de prison, avec mandat de dépôt. Ils ont dix jours pour faire appel.

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