Nice-Matin (Cannes)

Jean-Pierre Castaldi : « Mieux vaut un second rôle qui cartonne »

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr Papy ou pépé ? Flic ou voyou ? Sautet ou Molinaro ? compagnie ou seul ? D’Artagnan ou James Bond ?

Une petite scène à peine, et Jean-Pierre Castaldi a jadis gagné son pari : faire rire avec son physique de gros dur. Passer du drame à la comédie. Pour 100 briques t’as plus rien (1982), avec Gérard Jugnot et Daniel Auteuil en braqueurs pieds nickelés. Parmi les otages, Eric, alias Castaldi, ancien para très sûr de lui, qui veut prendre les choses aux poings... et s’évanouit comme une donzelle à la simple vue d’une arme factice ! Hilarant (si, si, j’assume).

« C’est le début d’une nouvelle carrière. Avant, je jouais des rôles très sérieux dans des péplums de trois heures, rigole l’intéressé.

« Là, j’ai découvert que c’était extraordin­aire de faire rire ».

Le propre de l’homme ne quitte plus Castaldi, au tout au long d’une impression­nante filmograph­ie. Quitte à ne pas toujours figurer dans des chefs-d’oeuvre du 7e art, avec son look à la « nanar ».

« Des premiers rôles, j’en ai eu au théâtre ou à la télé, mais mieux vaut un second qui cartonne qu’un premier qui fait un gros bide », philosophe le gaillard.

Gueule de l’emploi ? « Oui, mais depuis Astérix..., ça m’a coûté des jobs au cinéma. À chaque fois, on me dit : Castaldi ? Trop évident ! ». Le légionnair­e Caïus Bonus pour Zidi se serait bien réengagé dans la vareuse d’Obélix aussi. Mais là, pas touche, le rôle était déjà pris.

« Lors du casting, Claude m’a prévenu : pour Obélix, ne rêve pas, c’est le gros qui va le faire !». Autrement dit : Depardieu !

« Un vrai monstre sacré, avec lequel j’ai débuté ». Au théâtre, Jean-Pierre a aussi adopté la mine renfrognée d’un Ventura, tueur emmerdé de l’Emmerdeur, « un tabac, mais avant de le jouer, je me suis efforcé de ne pas penser à Lino ». Mais pas question de reprendre Oscar, « parce qu’on passe pas derrière Louis de Funès, c’est sacré ! ». Qu’importe. Pas de frustratio­n, même si Castaldi n’a pas toujours joué les (grosses) têtes d’affiche. « Si t’es pas une vedette, ce métier n’est pas toujours rose. Moi, je suis passé par tous les stades. Mais je me rêvais aventurier et, comédien, c’est l’aventure, s’enthousias­me ce passionné de 74 ans. Quand je marche dans la rue, on me reconnaît et on me donne de l’amour, que demander de plus ? Finalement, je suis entré dans l’inconscien­t populaire ». Pour les bonnes, comme parfois les mauvaises raisons. Mais on n’en veut pas à Castaldi, même s’il s’est aussi aventuré en (mauvaise) 1re compagnie, à l’heure où la téléréalit­é balbutie (en 2005).

« Mon fils Benjamin pensait que l’émission serait formidable, et même si j’en suis parti dès la deuxième de semaine, j’y étais formidable, se marre cette « célébrité » que TF1 a sortie de là. Ma carrière de comédien était à l’arrêt, alors j’ai fait ça pour le pognon. Mais j’en ai aussi payé la facture ! ». Snobé des plateaux, Castaldi a rebondi sur les planches. Dans Quelle famille, présentée aux Nuits Robinson de Mandelieu, le sujet est encore prétexte à la bonne humeur, plutôt qu’à faire la tronche.

« C’est comme un Feydeau. Un patriarche veut annoncer son divorce, mais chaque membre de la famille en fait justement autant ! On l’a déjà joué plus de cinquante fois, les gens rient beaucoup. Et on constate que finalement, la famille reste une valeur refuge ! ».

Une famille, qui ne manque pas de Secret story. Pas Castaldi senior qui dira le contraire. Lui, le père « autoritair­e, mais juste et très aimant » de l’animateur Benjamin « avec lequel j’ai des rapports privilégié­s. J’ai un autre fils journalist­e à l’Équipe TV et une fille de 23 ans, trois enfants que j’adore, et dont je suis très fier. ». Fibre sensible, alors que Jean-Pierre a suivi sa vocation d’artiste contre l’avis paternel.

« Mon père était un ingénieur major de sa promo, lieutenant-colonel de réserve. Pour lui, j’aurais dû faire une grande école. Il ne m’a jamais vu au théâtre, et une semaine avant sa mort, il m’a dit : Qu’est-ce que j’ai fait pour que tu sois comédien ? Après, j’ai découvert qu’en réalité, il était fier de moi… ». Papy. Pépé, ça fait trop vieux ! Avec ma gueule, je peux faire les deux. Ah ça, c’est pas gentil ! Tourner avec Sautet, c’était extraordin­aire, et Molinaro je l’aime beaucoup, il m’a un peu débridé au début, il a su me mettre en confiance. En troupe, mais pas la re compagnie !

 ?? (Photo A.Carini) ?? Jean-Pierre Castaldi, toujours heureux de monter sur scène dans Quelle Famille, au Théâtre Robinson de Mandelieu : « Quand j’ai pris des cours de théâtre chez Cochet, mon rêve était de rentrer dans une troupe, où j’aurais adoré jouer Quasimodo. Mais j’ai fait du cinéma, justement parce que j’avais une tronche ». Un gros dur au coeur tendre, qui fait rire... « mais dans la vie faut quand même pas trop me chercher ! ».
(Photo A.Carini) Jean-Pierre Castaldi, toujours heureux de monter sur scène dans Quelle Famille, au Théâtre Robinson de Mandelieu : « Quand j’ai pris des cours de théâtre chez Cochet, mon rêve était de rentrer dans une troupe, où j’aurais adoré jouer Quasimodo. Mais j’ai fait du cinéma, justement parce que j’avais une tronche ». Un gros dur au coeur tendre, qui fait rire... « mais dans la vie faut quand même pas trop me chercher ! ».

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