Nice-Matin (Cannes)

Marco Bucci : « un nouveau pont fin avril »

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En mieux aussi. « Depuis que le pont est tombé, il y a plus de solidarité entre nous. On est comme une famille », lâche Piero. Face à l’adversité, la via Enrico Porro s’est repliée sur elle-même et sur ses habitants : « On s’entraide et ça, c’est bien. » Mais depuis lundi, encore un bouleverse­ment. « Tout ce trafic, tout ce bruit ! Les bus, les voitures ! c’est pas possible », lance Emilia, 91 ans.

62 ans qu’elle habite via Porro. « Mamma mia », souffle la petite dame avant de partir faire ses courses.

Josetta, elle, est mitigée : « Je vais pouvoir de nouveau aller au marché qui est à 500 mètres et pour ça je suis heureuse. Je ne pouvais plus y aller ou alors il fallait faire un détour de plusieurs kilomètres, impossible pour moi je suis à pied. Mais avant c’était calme ici, comment ça va être maintenant ? », s’interroge-t-elle.

De l’air pour les petits commerces à l’agonie

Piero est sur la même longueur d’onde, cette route, il n’en veut pas. « Avant je pouvais promener mon chien tranquille­ment ici. Maintenant, c’est impossible avec la circulatio­n. Et puis on ne trouvera plus de places pour garer la voiture », peste Piero.

Au Certosa, en revanche, les habitants et les petits commerçant­s revivent. Depuis un an, ils étaient presque coupés du monde. Un bol d’air pour le marché couvert, le boucher, les petites épiceries qui étaient à l’agonie, privés de leurs clients de la « zone orange ». Assailli par une nuée de journalist­es, Marco Bucci est venu inaugurer la nouvelle route de la via Porro. Jusqu’à lundi, les véhicules et les piétons qui empruntaie­nt la via Fillak, tombaient devant des barrières. Plus rien ne reliait les quartiers du Certosa et de Sampierdar­ena, à l’ouest de la ville. Il fallait faire le grand tour en passant de l’autre côté de la Polcevera. Une zone rouge qui avait plongé un quartier dans la torpeur. Et étranglé les petits commerces. « Je suis heureux d’être là, car cela prouve l’efficacité et l’excellence de mes services. Et c’est un beau symbole. Nous avons désenclavé le quartier », a réagi le maire de Gênes, les pieds sur un goudron tout juste posé et encore collant. « Nous l’avions promis, nous l’avons fait. Les habitants attendaien­t cette route. Et les commerces qui ont beaucoup souffert de la coupure vont pouvoir respirer. »

Marco Bucci assure aussi que le calendrier sera tenu pour la reconstruc­tion du pont. « Nous l’inaugurero­ns à la fin du mois d’avril », jure-t-il, « les Génois ont assez souffert, il faut aller vite. » Le nouveau pont comptera  lampadaire­s en mémoire des  victimes. Sa constructi­on, d’un coût estimé à  millions d’euros, sera menée par un groupement d’entreprise­s comprenant Salini-Impregilo, Fincantier­i et ItalFerr.

Marco Bucci a évoqué aussi le programme de requalific­ation du quartier «souslepont» . Un projet d’envergure, mené par la municipali­té, « qui fera bondir la valeur des biens immobilier­s, augmenter la valeur du quartier ». Un quartier qui, quelque part autour de la pile , abritera aussi un mémorial. Une sorte de Ground Zero italien. Marco Bucci assure : « C’est une demande forte des familles de victimes. » Reportage à Gênes : Stéphanie Gasiglia et Jean-François Ottonello

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Le maire a inauguré la route de la via Porro. Attendue par de nombreux riverains... sauf par ceux de la rue.

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