Touché, coulé Notre avis
Trente ans de règne, quatre-vingts victimes recensées dont quelques actrices célèbres et un procès à venir en septembre. L’Intouchable raconte l’affaire Weinstein à travers les témoignages de quelques victimes, d’anciens collaborateurs/trices et de journalistes d’Hollywood. Du bon travail journalistique, mais sans grand intérêt cinématographique. Le film aurait sans doute eu davantage sa place (et peut-être plus d’impact) sur une grande chaîne de télévision qu’au cinéma. D’autant que, si on a un peu suivi l’affaire depuis son déclenchement, on n’y apprendra rien. Ursula MacFarlane s’attache surtout à montrer comment, à coups d’intimidation et en achetant le silence de ses victimes, Weinstein a pu exercer ses méfaits impunément pendant aussi longtemps. Elle passe plus rapidement sur le silence, forcément coupable, de tous ceux qui savaient et n’ont rien dit. On ne comprend pas bien, non plus, pourquoi Ronan Farrow (fils de l’actrice Mia Farrow, qui a révélé l’affaire) a réussi à obtenir les témoignages que nombre d’autres reporters avant lui avaient essayé d’avoir sans y parvenir. « Parler plutôt que se taire est le défi que doivent affronter toutes les victimes de violence », dit-il. C’est peut-être pour avoir compris cela qu’il a réussi à enclencher la fameuse « libération de la parole »quia abouti à la chute du dernier Mogul d’Hollywood.