Nice-Matin (Cannes)

Notre doyenne, Maryse, est morte

Maryse Lancioni, doyenne du départemen­t, s’est éteinte hier. Au printemps, elle avait ému la France entière en réalisant son « dernier souhait » : aller « où la mer se retire »

- JEAN-MICHEL POUPART

La nouvelle est tombée hier après-midi et a plongé beaucoup d’Ezasques dans la tristesse : Maryse Lancioni, la doyenne des Alpes-Maritimes, s’est éteinte chez elle, à l’âge de 111 ans.

Au printemps dernier, elle avait ému la France en réalisant son « dernier souhait » : voir le MontSaint-Michel, « où la mer se retire », en Normandie. Un rêve qu’elle avait pu réaliser grâce à l’émotion suscitée par un article de NiceMatin qui s’en était fait l’écho. Cette demande avait été possible grâce à la générosité de la municipali­té d’Èze et de la Région Normandie. Dans la foulée de la publicatio­n de l’article et de la mise en ligne de la vidéo, notre rédaction avait été submergée de cartes postales adressées à Maryse, en provenance de Normandie. Et le 18 mars, son rêve devenait réalité : elle décollait vers la Manche.

Une vie azuréenne

Tous ceux qui ont eu la chance de l’approcher conservero­nt de ce petit bout de femme le souvenir d’une bonne dose d’humour et d’un caractère bien trempé, que venait contrebala­ncer une vraie gentilless­e. Lorsqu’on lui demandait le secret de sa longévité, les réponses changeaien­t au fil des ans. On retiendra, parmi tant d’autres, celui qu’elle nous avait confié lors de son 109e anniversai­re : « Il faut penser aux autres. »

À 21 ans, l’âge légal de la majorité à l’époque, elle avait « fui » la Corse et des parents un peu tyrannique­s, qu’elle aidait à vendre des légumes sur les marchés, pour arriver sur le Continent, à Nice : « J’étais bonne à tout faire car je n’avais pas de métier, et en plus j’étais logée. » Elle se marie mais, au bout de deux ans, « envoie balader » son mari. S’ensuivra une vie profession­nelle bien remplie avec la tenue d’un petit meublé à Nice, un magasin de fleurs, des voyages. En 1974, elle arrive à Èze, une commune qu’elle ne quittera plus, entourée de nombreux amis.

Dans son cercueil, elle emportera sans aucun doute la photo de son amoureux éternel, un jeune homme qu’elle a laissé derrière elle en quittant la Corse. Il a mis cinq ans à la chercher sur le Continent. « Et quand on s’est retrouvés, je l’ai fait partir, racontait-elle à Nice-Matin en février. Je lui ai dit : “Je retournera­i à Bastia avec toi dans quelques jours.” » Le sort en décida autrement. Pierre, l’amant de Maryse, s’est fait tuer un mois plus tard en Corse par un garçon qui importunai­t sa nièce. Hier après-midi, Stéphane Cherki, le maire d’Èze, ne cachait pas sa tristesse : « Elle avait demandé à me voir et je l’ai vue dimanche soir. Elle était très affaiblie. C’est la perte d’une personnali­té très particuliè­re. J’éprouve beaucoup de tristesse… »

À tous ses proches, la rédaction de Nice-Matin adresse ses plus sincères condoléanc­es.

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À la suite d’un article paru dans « Nice-Matin », Maryse avait reçu de nombreux courriers de Normands. À  ans, elle avait finalement pu se rendre au Mont-Saint-Michel en mars dernier, grâce à la municipali­té d’Èze et la Région Normandie. (Photo Margot Mentha)
 ??  ?? Maryse était connue pour son caractère bien trempé. En avril, elle était allée à la rencontre des élèves du collège Jean-Cocteau à Beaulieu. Ils avaient consacré un atelier à son incroyable aventure au Mont-Saint-Michel. Ce jour-là, elle leur avait glissé, malicieuse­ment « Non, je n’ai jamais eu d’enfants. C’est peutêtre pour ça que je suis devenue âgée, j’ai pas eu ces soucis-là ! » (Photo M. M.)
Maryse était connue pour son caractère bien trempé. En avril, elle était allée à la rencontre des élèves du collège Jean-Cocteau à Beaulieu. Ils avaient consacré un atelier à son incroyable aventure au Mont-Saint-Michel. Ce jour-là, elle leur avait glissé, malicieuse­ment « Non, je n’ai jamais eu d’enfants. C’est peutêtre pour ça que je suis devenue âgée, j’ai pas eu ces soucis-là ! » (Photo M. M.)

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