Les facteurs azuréens lancent une grève illimitée
Ils protestent, depuis hier, contre une réorganisation du travail imposée par leur direction, avec une coupure à midi et un service finissant plus tard. Tout le département est concerné
Facteurs, oui. Évolution du métier, d’accord. Esclaves, jamais ! » Banderoles, slogans, colère et piquets de grève, hier matin, devant le siège de La Poste, avenue Thiers à Nice. Les facteurs des Alpes-Maritimes débraient. Un mouvement de grève illimitée à l’appel de la CGT. Les grévistes protestent contre une réorganisation du travail imposée par leur direction.
Un mouvement suivi par « 50 % des facteurs du secteur Cannes-Grasse-Peymeinade et par 30 % des facteurs du département », selon le syndicat. Des chiffres contestés par la direction (lire ci-contre).
Rythme de vie et pouvoir d’achat
« La Poste, pleine de bonnes idées, a maintenant décidé que les facteurs finiraient plus tard, les obligeant à s’arrêter à midi. Cette nouvelle organisation du travail multiplie les trajets inutiles et supprime ainsi la pause et l’indemnité collation prévues le matin justement pour se restaurer, avant que les facteurs ne partent en tournée. La Poste, dont la stratégie est dictée par le profit à tout prix, récupère ainsi vingt minutes et 2 euros au titre de l’indemnité collation par agent et par jour » ,dénonce la CGT dans un tract. « Cette réorganisation chamboule tout, s’insurge la secrétaire départementale du syndicat, Laurence Roze. Ça bouleverse le rythme de vie et le pouvoir d’achat. Avant, les facteurs terminaient vers 14 heures. Avec cette coupure, qui n’est pas payée, ils travailleront l’après-midi, feront parfois plusieurs tournées. Certains vont devoir faire garder leurs enfants, financer des modes de garde. D’autres qui cumulaient deux emplois pour vivre ne pourront plus le faire. »
«Pas au prix du service et du personnel!»
Et la syndicaliste de s’indigner : « Quand sait que La Poste fait 800 millions d’euros de bénéfices, sans compter les crédits d’impôts qui lui sont accordés ! C’est pas une petite entreprise ! Mais la direction tape sur le petit personnel : les facteurs qui gagnent 1 300 euros par mois au bout de quinze ans de carrière ! »
Frédéric Uyttersprot, facteur à Cannes et représentant syndical, s’inquiète aussi de « l’impact sur les usagers qui vont perdre leurs repères avec leur facteur. Les commerçants, les avocats pourront, par exemple, ne recevoir leurs recommandés que dans l’aprèsmidi. On peut comprendre que La Poste veuille se transformer et s’adapter, mais pas à n’importe quel prix. Pas au prix du service et du personnel ! On veut des conditions de travail décentes et être entendus par la direction. »
Il prévient : « La grève va durer ! »