Nice-Matin (Cannes)

« J’aurais dû rester dans les parages »

- PROPOS RECUEILLIS PAR SAM TESTELIN

L’ancien Niçois, Franck Dja Djédjé, passé par Strasbourg et le PSG est aujourd’hui à l’AS Cannes (N3). L’internatio­nal ivoirien revient de six années passées à l’étranger où il a joué dans sept clubs. À 33 ans, il regrette d’avoir quitté la France si tôt.

Vous avez joué au PSG, à Strasbourg, à l’étranger mais aussi à l’OGC Nice. Aujourd’hui, à  ans, vous êtes à Cannes en N, pourquoi ce choix ?

L’an dernier j’avais vraiment envie d’arrêter le football, j’étais sans club et je voulais revenir en France pour plus de visibilité. J’ai discuté avec un ami qui m’a dit de venir jouer à Cannes. J’ai dit oui, mais pas cette année (, Ndlr), le championna­t avait déjà commencé, je n’étais pas prêt, du coup je me suis entraîné avec l’équipe pendant un an et je suis rentré dans le groupe cette saison.

À  ans quels sont vos objectifs et vos ambitions ?

Faire remonter l’équipe au plus haut niveau.

L’AS Cannes est un club avec une histoire qui n’a rien à faire en National . C’est aussi l’objectif du club.

Votre rôle dans l’équipe ?

Je suis deuxième capitaine. Je n’aime pas trop parler, je suis quelqu’un de discret, mais quand il faut parler je sais me faire entendre. J’essaye de transmettr­e mon vécu aux jeunes de l’équipe. Il y en a qui sont nés en  voir  donc ça fait un peu bizarre de jouer avec eux. Je ne sais pas ce qu’ils mangent pour être aussi costauds (rires) !

Quel sentiment éprouvezvo­us de revenir sur la Côte d’Azur ?

Je suis rentré chez moi. J’ai rencontré ma femme quand j’étais à Nice. Quand je suis parti d’ici, on a décidé de garder un pied-àterre dans la région. Lors du derby contre Nice, il y a deux semaines

( août, victoire de Nice -), des supporters m’ont reconnu et sont venus me demander des autographe­s. Ça fait plaisir.

Êtiez-vous heureux au Gym ?

Bien sûr, j’y ai rencontré des gens formidable­s. Mon passage a été un peu rapide, peut-être, puisque j’ai été vite transféré en Ukraine. Mais je suis toujours en contact avec le médecin du club. Quand j’ai des petits pépins physiques, je lui passe un coup de fil et il me dit quoi faire.

Quel est votre meilleur souvenir au Gym ?

Notre victoire à Gerland contre Lyon, lors de la dernière journée (saison -). On était en difficulté pour le maintien, il fallait absolument gagner là-bas et on s’impose -. Il y a aussi le match face à Dijon au Ray. Éric Roy me fait rentrer à  minutes de la fin et j’égalise à la

e ! C’était mon premier but, alors il avait une saveur particuliè­re aussi.

Le meilleur joueur avec qui vous ayez joué à Nice ? Et dans votre carrière ?

À Nice, Anthony Mounier. C’était un ‘‘sniper’’. C’était rare de le voir rater le cadre. Et dans ma carrière, Pauleta. Il n’était pas très physique, ni rapide, mais dans la surface il faisait mal... Il était très adroit.

Le plus drôle ?

Kaba Diawara sans hésiter, à l’époque d’Arles-Avignon. Il me disait : « Mon petit, c’est difficile pour moi tu sais... Mes genoux sont fatigués, je n’ai plus de cartilage, que de l’os, alors c’est à toi de faire les efforts et de prendre la profondeur. Bonne chance mon petit ! » (rires). Il avait toujours le sourire, il savait trouver les mots justes. C’était notre première saison en Ligue , on galérait. Il était important pour le groupe.

Le plus fou ?

Les gardiens (rires). Se jeter dans nos pieds comme ça, c’est hyper risqué. Je me souviens d’un face-à-face avec Lionel Letizi à l’époque du Paris SG, c’était mon premier entraîneme­nt avec le groupe pro et j’ai tenté un coup du sombrero...

Je ne sais plus exactement comment il a fait, mais il a sauté comme un chat et il était mal retombé.

De qui étiez-vous le plus proche à l’OGC Nice ?

Je m’entendais très bien avec Kévin Anin. Il donnait tout pour ses amis. S’il y avait une bagarre sur la pelouse, il avait beau être à l’autre bout du terrain, il déboulait pour aider ses coéquipier­s. J’ai été très touché par ce qui lui est arrivé. À partir de là, j’ai commencé à prendre du recul sur le football, je me suis dit qu’il n’y avait pas que ça dans la vie et que je n’avais pas le droit de me plaindre d’être sur le banc, par exemple.

Après Nice, vous êtes parti à l’étranger et joué dans sept clubs différents en six ans. Vous regrettez d’avoir quitté la Ligue  ?

Partir en Ukraine après Nice n’était pas une erreur. On a joué la Ligue Europa contre Lyon. J’avais une bonne cote à ce momentlà. J’étais sur les tablettes du PSV Eindhoven et puis il y a eu la guerre entre l’Ukraine et la Russie et tous les footballeu­rs étrangers ont dû partir. C’était un moment très difficile. Du coup j’ai joué un peu à droite à gauche et aujourd’hui j’ai des regrets quand je vois des joueurs de mon âge qui signent encore en L. Bref, je me dis que j’aurais dû rester dans les parages...

L’après-carrière ?

J’y pense. La formation m’intéresse. Je veux transmettr­e mon savoir et mon expérience.

Finir votre carrière à Cannes c’est possible ?

Si je venais à partir, j’irais où ? J’ai tiré un trait sur le monde profession­nel. Je rebondirai peut-être dans un autre club de la région, on verra bien. En France, après  ans on est considéré comme un vieux. Je ne suis pas d’accord. J’ai encore quelques années pour profiter. Je ne vais donc pas m’arrêter maintenant.

 ??  ?? Franck Dja Djédjé sous le maillot de Nice face à Ajaccio lors de la saison -
Franck Dja Djédjé sous le maillot de Nice face à Ajaccio lors de la saison -

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