SURPOPULATION ENTRE LES ÎLES DE LÉRINS
Plusieurs centaines de bateaux mouillent entre Saint-Honorat et Sainte-Marguerite pendant la saison. Un problème pour l’environnement et pour ceux qui fréquentent les lieux.
Ce n’est plus une zone de mouillage, c’est un parking à bateaux ! Victimes de leur succès, les îles de Lérins se transforment progressivement en annexe portuaire, au fil des étés. Jusqu’à perdre leur caractère sauvage et leur tranquillité, surtout à l’heure du déjeuner. Musique à bord des yachts, multitude de coques et de mats qui masquent la vue sur Saint-Honorat, allers-retours des navettes à boissons, glaces ou pizza... Le havre de paix est devenu enfer pour les simples baigneurs et promeneurs croyant fuir l’agitation littorale.
« C’est clair, il y a surfréquentation ! »
« On essaie de préserver nos belles îles, mais c’est clair qu’il y a surfréquentation, s’indigne Jacqueline Benezat, présidente des amis des îles de Lérins. Entre SainteMarguerite et Saint-Honorat, il y a eu beaucoup d’accrochages cette année, ça devient dangereux. Il y a déjà un chenal, mais nous sommes favorables à une réglementation plus stricte du mouillage. Et pourquoi pas l’interdire de temps en temps, comme sur le Boulevard du midi que l’on réserve aux piétons certains weekends ? ».
L’idée a le mérite d’exister. D’autant plus qu’à la pollution sonore et visuelle, s’ajoute la dégradation de l’environnement. À se demander si le bleu turquoise dans lequel baignent les îles n’est pas dû à l’arrachage de toutes les vertes posidonies. Sans parler de la cohabitation impossible entre pêcheurs professionnels et plaisanciers du dimanche. « Depuis plus de dix ans, on ne peut même plus travailler entre les îles durant l’été ,se plaint Franck Dubbiosi, premier prud’homme de pêche. Jusqu’à présent, on sacrifiait notre espace entre les îles, mais aujourd’hui, les yachts débordent côté Nord sur Saint-Marguerite et côté Sud sur Saint-Honorat ! »
« On va forcément vers une réduction »
Pour limiter l’impact environnemental des mouillages, la Ville a installé quatre bouées d’amarrage écologiques autour des îles en juillet (voir encadré).
Mais le maire David Lisnard reste conscient que cela ne suffit pas. Surtout dans l’optique de la candidature des îles au patrimoine mondial de l’UNESCO.
« Périmétrer une zone de non-mouillage, pour l’instant, c’est illégal. Mais avec les services de l’État, nous réfléchissons actuellement à mieux réglementer la zone, soit par interdiction soit par des mouillages spécifiques, confesse le premier édile. À terme, on ira forcément vers une réduction et régulation des mouillages, ça c’est sûr ! » En attendant, l’entre-deux îles continue d’être une aire de pique-nique estivale pour « boat-vacanciers ».