Nice-Matin (Cannes)

La police a-t-elle fait capoter la « saisie du siècle » à St-Tropez ?

- ERIC MARMOTTANS emarmottan­s@nicematin.fr

« On se demande si ce n’est pas parce que ça aurait été la saisie du siècle pour la gendarmeri­e qu’elle n’a pas eu lieu… » Dans les rangs de la gendarmeri­e, on n’est pas loin de penser que l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiant­s (Ocrtis) – enterré hier par le ministre de l’Intérieur – a fait capoter l’enquête varoise sur l’affaire Air Cocaïne en 2013. L’avion chargé de 700 kg de cocaïne à destinatio­n de Saint-Tropez avait en effet été opportuném­ent arraisonné avant son départ de République dominicain­e, alors que les gendarmes s’apprêtaien­t à intervenir sur l’aérodrome de La Môle… La gendarmeri­e avait alors été dessaisie de l’enquête au profit de l’Ocrtis, chapeauté par la police. L’office avait-il fait parvenir quelque tuyau à ses correspond­ants étrangers ?

« Le Falcon a été intercepté sans qu’on n’y soit pour rien, s’est défendu un commissair­e divisionna­ire, ancien chef de service à l’Ocrtis, lors du procès « Air Cocaïne » à Aix-en-Provence en février dernier. Je le dis avec force et conviction .»

Défaut de loyauté et guerre des polices

Dans la même affaire, la loyauté de l’Ocrtis avait déjà été mise en cause par une juge d’instructio­n, découvrant très tardivemen­t qu’un des suspects avait été enregistré comme indic. Contrariée, la magistrate avait alors rendu le dossier aux gendarmes.

Dès lors, l’office aurait mis « des bâtons dans les roues » de l’enquête des militaires, en traînant des pieds dans la transmissi­on des pièces de l’affaire : « Ils n’ont pas été coopératif­s (...) On a eu la procédure complète en deux ou trois temps », selon un exenquêteu­r de la section de recherche de Marseille, déplorant une perte de temps dans l’identifica­tion d’un des principaux suspects. C’est notamment pour mettre fin à cette guerre des polices que Christophe Castaner a annoncé hier la création, en remplaceme­nt de l’Ocrtis, d’un office anti-stupéfiant­s (Ofast) : « Police, gendarmeri­e, douanes et magistrats seront impliqués dans sa gouvernanc­e. [Cette] propositio­n de gouvernanc­e (...) est un sujet de confiance .»

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(Photo doc L.B.) François Thierry, dont les méthodes sont aujourd’hui décriées, était à la tête de l’Ocrtis à l’époque de l’affaire Air Cocaïne.

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