La police a-t-elle fait capoter la « saisie du siècle » à St-Tropez ?
« On se demande si ce n’est pas parce que ça aurait été la saisie du siècle pour la gendarmerie qu’elle n’a pas eu lieu… » Dans les rangs de la gendarmerie, on n’est pas loin de penser que l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) – enterré hier par le ministre de l’Intérieur – a fait capoter l’enquête varoise sur l’affaire Air Cocaïne en 2013. L’avion chargé de 700 kg de cocaïne à destination de Saint-Tropez avait en effet été opportunément arraisonné avant son départ de République dominicaine, alors que les gendarmes s’apprêtaient à intervenir sur l’aérodrome de La Môle… La gendarmerie avait alors été dessaisie de l’enquête au profit de l’Ocrtis, chapeauté par la police. L’office avait-il fait parvenir quelque tuyau à ses correspondants étrangers ?
« Le Falcon a été intercepté sans qu’on n’y soit pour rien, s’est défendu un commissaire divisionnaire, ancien chef de service à l’Ocrtis, lors du procès « Air Cocaïne » à Aix-en-Provence en février dernier. Je le dis avec force et conviction .»
Défaut de loyauté et guerre des polices
Dans la même affaire, la loyauté de l’Ocrtis avait déjà été mise en cause par une juge d’instruction, découvrant très tardivement qu’un des suspects avait été enregistré comme indic. Contrariée, la magistrate avait alors rendu le dossier aux gendarmes.
Dès lors, l’office aurait mis « des bâtons dans les roues » de l’enquête des militaires, en traînant des pieds dans la transmission des pièces de l’affaire : « Ils n’ont pas été coopératifs (...) On a eu la procédure complète en deux ou trois temps », selon un exenquêteur de la section de recherche de Marseille, déplorant une perte de temps dans l’identification d’un des principaux suspects. C’est notamment pour mettre fin à cette guerre des polices que Christophe Castaner a annoncé hier la création, en remplacement de l’Ocrtis, d’un office anti-stupéfiants (Ofast) : « Police, gendarmerie, douanes et magistrats seront impliqués dans sa gouvernance. [Cette] proposition de gouvernance (...) est un sujet de confiance .»