Nice-Matin (Cannes)

La relaxe des décrocheur­s d’un portrait de Macron fait débat

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Décrocher un portrait du président de la République et le conserver pour manifester contre la politique climatique du gouverneme­nt est « légitime ». En prononçant la relaxe de deux militants écologiste­s, lundi, le tribunal de grande instance de Lyon (Rhône) a pris une décision inédite, qui a déclenché un flot de réactions contraires.

Le parquet fait appel

Le parquet, qui avait requis une peine d’amende de 500 euros contre Fanny Delahalle et Pierre Goinvic, a fait appel. A l’audience, Thomas Fourrey, l’avocat des prévenus, avait plaidé « l’état de nécessité légitimant un acte délictueux proportion­né à l’éloignemen­t d’un danger grave et imminent », le dérèglemen­t climatique. Un argument qui a manifestem­ent convaincu le juge, qui évoque à propos de la dégradatio­n du climat « un fait constant qui affecte gravement l’avenir de l’humanité ».

Quant au parquet de Lyon, il estime que «juridiquem­ent, l’analyse portée par le tribunal est erronée ». « L’infraction est selon nous constituée et nécessite une sanction. L’état de nécessité ne tient pas », défend-on. L’accusation rappelle que cet argument, inventé en 1898 par le juge Paul Magnaud pour relaxer une femme qui avait volé un pain, est rarement plaidé et reconnu dans un dossier environnem­ental. L’ANV-COP21, à laquelle appartenai­ent les deux militants et qui s’est fait une spécialité de ces décrochage­s de portrait, espère que la décision fera jurisprude­nce. Rien n’est moins sûr. Le jugement de Lyon n’est pas définitif et doit encore être examiné par la cour d’appel, voire la Cour de cassation.

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