Nice-Matin (Cannes)

« J’avais envie de revenir à un rythme un peu fou »

Acteur et metteur en scène, en duo avec David Roussel, Arthur Jugnot débarque, jeudi, avec Père ou fils. Une comédie que la troupe va inaugurer sur les planches d’Anthéa

- PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÉMY TOMATIS

Dans Père ou fils, Arthur Jugnot, qui cosigne la mise en scène avec David Roussel en plus d’être sur les planches, propose une pièce de théâtre avec un style bien particulie­r et notamment référencé à plusieurs reprises au cinéma : le “body switch”. Le comédien y campe le rôle d’un artiste peintre dont le destin bascule un matin, lorsqu’il se réveille dans la peau de son père. Et vice versa, avec Patrick Braoudé dans le rôle du paternel politicien un brin déconnecté. Une comédie sur fond de rapports père-fils compliqués, qu’un évènement surnaturel va chambouler…

Vous pouvez nous présenter la pièce ?

C’est l’histoire d’un politicien incarné par Patrick Braoudé, qui vient souhaiter un joyeux anniversai­re à son fils, que j’interprète. Un artiste peintre qui galère un peu… et on comprend vite qu’ils ne s’aiment pas beaucoup. En tout cas, ils ne se comprennen­t pas. Il se trouve que le père débarque avec deux jours d’avance sur la date d’anniversai­re de son fils, ce qui crée des tensions. Ils se reprochent plein de choses. Le tout, en finissant par se dire que chacun aimerait être à la place de l’autre et avoir “la belle vie”. Et quand ils se réveillent le lendemain matin, chacun est dans le corps de l’autre… Il y a déjà eu pas mal de films sur ce concept du “body switch”. Ils doivent donc comprendre ce qui leur est arrivé, essayer de redevenir eux-mêmes puis appréhende­r leur nouveau quotidien. Tout ça amène de nombreux quiproquos. C’est une comédie qui traite du rapport père-fils. Le fond est joli et la forme est drôle, loufoque…

Vous avez décidé de jouer vos premières représenta­tions à Anthéa avant d’exporter la pièce à Paris : pourquoi ?

On a décidé ça avec Daniel Benoin (directeur d’Anthéa) .La pièce était prévue à Paris à partir du  octobre. On voulait pouvoir la jouer avant, dans des conditions agréables, avec moins de stress. On joue dans la petite salle mais on joue sept fois ! Ce qui est formidable. Être dans le sud mi-septembre, pour la troupe, pour apprendre à se connaître, c’est super. On va aussi profiter des retours du public. Ce sont des conditions de travail très agréables.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans le scénario de Clément Michel ?

Plein de choses. D’abord la forme. C’est une comédie pure. J’avais envie d’y retourner après deux derniers spectacles différents, puisqu’il s’agissait d’un thriller et d’un seul en scène. J’avais envie de revenir à un rythme un peu fou, de faire rire… Et puis, pour un acteur, c’est super parce qu’on joue deux rôles. Je joue l’artiste peintre mais aussi le politicien. Il y a ce truc du “body switch” très rigolo à jouer. Et en même temps, il y a des moments où, avec Patrick Braoudé, on est très émus. C’est un plaisir pour les acteurs mais j’imagine aussi pour les spectateur­s.

Ces deux rôles demandent une vraie palette de comédien…

Et en même temps, on n’a pas l’impression de faire quelque chose d’inutile. Quand on est artiste, on a envie de divertir mais on veut aussi qu’il y ait du fond. Il faut qu’il y ait des fêlures pour que ce soit intéressan­t et là, il y en a plein. C’est très jouissif.

Vous assurez la mise en scène en binôme avec David Roussel. Cette double casquette n’est pas trop compliquée à porter ?

C’est aussi pour ça que nous sommes deux metteurs en scène. On crée ensemble la scénograph­ie, les personnage­s… puis une fois que la structure est prête, je deviens acteur et David devient directeur d’acteurs. Moi, j’oublie pendant une heure et demie que je suis metteur en scène. Sinon, même pour les camarades, c’est horrible. C’est pour ça, en tout cas, que c’était nécessaire pour moi de le faire à quatre mains. J’avais besoin d’un autre oeil qui me permette d’oublier les problèmes techniques et de me concentrer sur mon jeu.

Depuis la lecture du scénario, avez-vous rêvé de vous réveiller dans la peau de votre vrai père ?

Quelle horreur ! [Rires.] On ne se doute pas, en réalité, de tout ce que cela impliquera­it… C’està-dire les relations que l’on aurait avec ses amis, sa femme, le rapport à son nouveau corps. Ou ne serait-ce que d’être, subitement, plus vieux ou plus jeune, d’avoir des problèmes de santé… ce serait un chamboulem­ent absolu que je ne souhaite à personne. Mais, heureuseme­nt, ça ne doit pas arriver souvent. [Rires.]

 ?? (DR) ?? Arthur Jugnot partage l’affiche, notamment, avec Patrick Braoudé (à gauche).
(DR) Arthur Jugnot partage l’affiche, notamment, avec Patrick Braoudé (à gauche).

Newspapers in French

Newspapers from France