Ciel, la majorité s’évanouit !
Un étrange mal semble frapper les démocraties ces derniers mois : à chaque scrutin qui passe, les majorités s’évanouissent. Parfois, elles avaient déjà disparu. Et il est impossible de les réanimer. Israël votait mardi. Enjeux considérables. Dramatisation extrême. Candidatures pléthoriques. Résultat : sièges sur pour le Likoud, le parti de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahou. sièges pour son principal opposant, le leader du centre droit Benny Gantz. La victoire à celui qui saura le mieux négocier. Or, la constitution du prochain gouvernement ressemble à une partie de mikado : une seule composante de la coalition qui vacille et c’est tout l’édifice qui s’écroulera. Il serait plus sage de repartir de zéro, de repartir en campagne dans l’espoir que les électeurs sortent leur classe politique de ce pétrin.
Mais les Israéliens ont déjà grillé leur joker. Les dernières législatives remontent au mois d’avril. Faute d’accord viable, après des mois de tractations, il avait fallu reconvoquer des élections. Les Espagnols font plus fort. Au mois de novembre, ils repasseront aux urnes, pour la quatrième fois… en quatre ans. Une sacrée corrida électorale où chaque Premier ministre en puissance finit en charpie dès qu’il entre dans l’arène. Rien ne dit que cette fois sera la bonne. Et tant pis si à Tel Aviv, à Madrid et dans tant d’autres capitales du monde libre confrontées aux mêmes hésitations électorales, les pouvoirs sont affaiblis, alors que les régimes autoritaires tracent leur route à vitesse de croisière. Fut un temps où par lassitude, ou mus par un petit moteur civique, les électeurs finissaient par dégager des majorités au bout de deux ou trois tentatives infructueuses. Souvent, ils pratiquaient l’alternance. Ce temps est révolu : soit les peuples revotent la fois d’après à l’identique, quitte à enfoncer leurs pays dans la crise politique, soit ils pratiquent le dégagisme à grande échelle, comme à la présidentielle tunisienne où tous les ténors sont passés à la trappe dès le premier tour. Est-ce de l’inconscience collective ou au contraire la preuve que le niveau d’exigence s’élève ? Mieux vaudrait pour l’avenir de nos démocraties que la seconde réponse soit la bonne.