Nice-Matin (Cannes)

UNE MARCHE LYCÉENNE POUR LE CLIMAT

À Grasse et à Cannes, les lycéens ont quitté les salles de classe pour manifester en faveur de l’environnem­ent. Une introducti­on au World Clean Up Day qui se tient aujourd’hui. 

- THOMAS PEYROT ET MAXIME ROVELLO

Ils n’étaient pas plus de 80 élèves du lycée Carnot à se mobiliser hier matin devant l’entrée de leur établissem­ent contre le réchauffem­ent climatique. Un « Friday for futur » cannois bien timide comparé à l’engouement suscité dans d’autres villes, à travers le globe et en France. Au total près de 4 600 manifestat­ions recensées dans 150 pays ! À deux jours du sommet mondial sur le climat qui doit se tenir à l’ONU à New York, la grève des lycéens cannois n’était visiblemen­t pas qu’un prétexte pour se la couler douce et prendre un peu d’avance sur le week-end. Tout en brandissan­t des slogans tels qu’ «On en a gros sur la planète ! », les jeunes ont bien usé leurs baskets pour une longue marche qui les a conduits du boulevard Carnot à l’hôtel de ville, où ils devaient être reçus en fin de matinée. Alors que la circulatio­n était bloquée sur son passage, ce bruyant mais pacifique cortège a emprunté l’avenue Bachaga-SaïdBouala­m, passant devant la mairie annexe de La Ferrage, la rue LouisBlanc et la rue Félix-Faure. Quelques anonymes, simples citoyens alarmés par l’urgence climatique brandie par la jeune militante suédoise Greta Thunberg, ont rejoint le groupe dans le calme, encadrés par une quinzaine d’agents des polices nationale et municipale. Dans la foule, on reconnaiss­ait néanmoins Denis Perrimond, le président de l’associatio­n apolitique Région verte Cannes Écologie ou encore des membres de RESF 06 venus témoigner leur solidarité aux premières victimes du réchauffem­ent du climat, à commencer par les enfants des réfugiés climatique­s. En tête de cortège, mégaphone en main, le jeune Axel Duret (photo en médaillon), fraîchemen­t auréolé des Palmes du civisme décernées par le maire de Cannes (lire page 10 de cette édition). Élève de Terminale scientifiq­ue au lycée Carnot, le jeune homme est à l’origine du mouvement Debout pour le climat. C’est lui encore qui a lancé l’appel à la grève et à la mobilisati­on sur les réseaux sociaux pour cette marche au beau milieu du Bd Carnot. Annie et Monique, retraitées cannoise et cannetane, ont été très sensibles aux messages du lycéen sur Facebook. « On a voulu rejoindre le défilé parce que la situation est trop grave ! On ne peut pas laisser les choses s’aggraver sans rien dire. L’action de ces jeunes nous touche beaucoup. Nous n’avons pas de petits-enfants mais nous devons apporter notre soutien à leur action. Les politiques prêchent la bonne parole lorsqu’ils sont en campagne électorale, mais cèdent aux lobbys industriel­s une fois élus. » Axel, lui, veut — encore — croire « au réveil des conscience­s, au bon sens et au civisme », pour redresser la barre et faire redescendr­e le mercure de 3°C. « Ce reveil doit être une opportunit­é pour se lancer dans un nouveau mode de vie, d’une nouvelle société, qui doit prendre en compte l’évolution de la biodiversi­té. Des choses vont se mettre en place chez nous, avec par exemple l’accord du CTE, initié à Grasse avec la création d’une université. Mais commençons déjà à protéger les espèces en voie de disparitio­n avec l’urbanisati­on à outrance ! », insiste ce jeune leader.

À Grasse

Mobilisati­on timide par le nombre (seulement une quarantain­e de lycéens) mais forte par les conviction­s. Et ce ne sont pas les cordes vocales de Maxime Corner qui diront le contraire. Le président de l’associatio­n « Un partage un sourire un bonheur » a mené un cortège regroupant plusieurs collectifs pour le climat de lycée en lycée hier matin. Depuis le lycée Amiral-deGrasse jusqu’aux établissem­ents Chiris et Francis-de-Croisset, pour finir à Tocquevill­e. « Réveillez-vous avant qu’il ne soit trop tard, hurle-t-il dans son mégaphone. Il faut changer le système et pas le climat. Nous devons être unis pour le futur de nos enfants. Dans 20 ans, ce sera le désert ici. Il y a déjà une pénurie d’eau dans une centaine de villes en France. Nous voulons des actions concrètes au niveau local. Il faut installer un compost communal. Pour nos écoles et nos assiettes, nous voulons du circuit court et du bio. »

En parlant d’alimentati­on, c’est au McDonald du Plan-de-Grasse que s’est déplacé le cortège. Pas pour profiter d’un menu mais plutôt pour un sitting. Pour « boycotter les entreprise­s qui bousillent notre santé » ,explique Florian du groupe Youth For The Climate [Jeunes pour le climat]. « C’est un appel à la convergenc­e des forces, poursuit Romane. Des Gilets Jaunes et d’autres collectifs comme Extinction Rebellions, le Collectif Citoyen pour le Climat et le Mouvement pour la Paix ont soutenu la démarche. »

Aujourd’hui, une bonne partie de ces jeunes gens seront présents à la marche pour le climat organisée à Nice à 15 h, place Garibaldi. D’autres manifestat­ions sont prévues dans le cadre du World Clean’up Day à Mouans-Sartoux et Cannes.

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 ?? (Photo M. R.) ?? Opération « sitting » des jeunes manifestan­ts grassois devant le McDonald du Plan-de-Grasse pour « boycotter les entreprise­s qui, selon eux, « bousillent notre santé ».
(Photo M. R.) Opération « sitting » des jeunes manifestan­ts grassois devant le McDonald du Plan-de-Grasse pour « boycotter les entreprise­s qui, selon eux, « bousillent notre santé ».
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(Photos Patrice Lapoirie) Sur le boulevard Carnot, un petit groupe de lycéens cannois bruyants, déterminés mais pacifiques.
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Devant le lycée Tocquevill­e, les manifestan­ts ont chanté leurs slogans. (Photo M. R.)
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