Nice-Matin (Cannes)

Mine de rien

Malgré son rapport particulie­r au dessin, Annsophi croque la vie avec la ville en toile de fond

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Un stylo-feutre, un carnet. Et la ville pour modèle. C’est à peu près tout et, mine de rien, c’est déjà pas mal. Il ne manque ensuite qu’un peu d’aquarelle à Annsophi Digsmed pour parfaire ses cartes postales à l’effigie de la cité des Remparts, qu’elle vend ici et là, dans quelques coins et recoins de la ville. L’Antiboise d’adoption y a élu domicile en 2011. À une époque où le dessin, qui l’accompagne avec parcimonie depuis qu’elle est une petite fille, n’est pas très présent. Une histoire d’amour faite de “je t’aime moi non plus”. D’aléas de la vie et du quotidien qui font et défont ce lien si particulie­r qu’elle entretient avec le papier et l’encre de ses feutres. « Quand j’ai eu mon deuxième enfant, j’ai arrêté de travailler. Et j’ai repris le dessin. » Pour trouver le temps de s’y consacrer, fait, qui est quelque chose de très épuré. » C’est l’aquarelle qui donne cette touche colorée et saupoudre de douceur ce véritable travail d’urban sketchers (2). « L’aquarelle, c’est le meilleur moyen de colorer mes dessins sans faire du remplissag­e. Mais pour apprendre, je me suis lancé un défi il y a 2 ans. Pendant deux mois, j’ai dessiné un poisson différend chaque jour, que j’ai ensuite terminé à l’aquarelle. Ça m’a beaucoup aidé à me sentir plus à l’aise. »

Pari gagnant. C’est grâce ce challenge autoprocla­mé qu’elle prend confiance en elle. Et commence à proposer ses dessins, imprimés sur un bout de carton, aux badauds. « Avant, je ne les montrais pas. J’ai commencé par faire quelques cartes postales et je n’ai eu que des super retours. La carte, j’adore ça parce que ça voyage. J’ai vécu des moments difficiles et, aujourd’hui, je vois la vie autrement. J’apprécie de petites choses et je recherche la qualité avant tout. »

En plein dans le mille. Rançon du talent. Et d’un coup de crayon qui a vite séduit les Antibois et les étrangers de passage. Souvent, dessiner s’est révélé être un exutoire. Un défouloir, même. Seul moyen d’expression à même de révéler ses maux. Désormais guérie, Annsophi a retrouvé le goût du dessin pour le plaisir. Comme celui que l’on griffonne lorsque l’on n’est pas plus haut que trois pommes. À 48 ans, la quasi-quinqua, solitaire et contemplat­rice, a des projets plein la tête. « Je manque d’heures pour tout faire ! J’ai des tas d’idées. J’ai commencé à dessiner le Cap, Juan-les-Pins. J’ai même essayé des villes comme Cannes ou Nice mais je n’y ai pas le même rapport. J’aime trop Antibes… » Aujourd’hui, sauf commande, Annsophi ne dessine qu’au feutre. « Il ne laisse pas droit à l’erreur. Je préfère faire simple. Être sur place et juste dessiner. » Plusieurs échoppes proposent désormais ses petits tableaux cartonnés. « Pour le moment, ça marche surtout l’été. Mais qui sait, peut-être que quand je serai grande, j’en vendrai des milliers ! » 1. Le style ligne claire est issu de l’école belge de bandes dessinées. Exemple le plus connu : Tintin d’Hergé.

2. Les urban sketchers des dessinateu­rs qui pratiquent leur art in situ, c’est-à-dire en observant directemen­t le paysage urbain qu’ils dessinent sur place.

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La carte postale, j’adore ça parce que ça voyage”

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