Nice-Matin (Cannes)

Camerano : « Viaud est le générique de l’ancien maire »

L’ex-stoppeur du Racing veut... stopper le maire de Grasse dans son action municipale. Mais la finalité de sa candidatur­e est bien la mise en oeuvre de son projet pour la ville...

- Entretien : Eric FAREL efarel@nicematin.fr Photo : Patrice LAPOIRIE

Jean-Paul Camerano a sa carte de l’UDI. Mais ce qui compte avant tout pour lui, c’est sa ville. Une façon de dire qu’aux municipale­s, le local passe avant le national. L’ex-défenseur du RC Grasse, après sa rupture retentissa­nte avec la majorité voici tout juste un an, a donc décidé de voler de ses propres ailes. Pour ce faire, il s’est entouré de Brigitte Vidal, ex-adjointe déchue elle aussi par le maire. Et d’un directeur de campagne atypique nommé Erick Elbaz, dont le candidat confesse avoir apprécié « son combat pour la justice, son pragmatism­e et son parcours. » En froid avec Jérôme Viaud, il attaque sa campagne tambour battant, envisage d’ouvrir une permanence « dynamique » et table sur sa connaissan­ce de la ville pour séduire les Grassois. Mais cela sera-t-il suffisant ?

Rappelez-nous les circonstan­ces de votre divorce d’avec la majorité...

C’était il y a tout juste un an, en conseil municipal. Est arrivée dans le débat, la délibérati­on sur le golf d’Opio pour lequel la Ville envisageai­t de vendre un terrain de  hectares. Un terrain évalué ,M € par les

‘‘ Domaines et proposé à la vente par le maire au prix de , M€ . Un terrain, de plus, qui constituai­t un legs avec des contrepart­ies. Moi, j’en avais préalablem­ent parlé au maire dès , lui disant que c’était une erreur de vendre, que l’on n’en avait pas le droit et que l’on aurait pu partir sur une concession de service de  ans. Tout cela n’a pas été retenu et ce  septembre , j’ai voté contre. Le maire m’a alors retiré mes délégation­s (Ndlr, il était conseiller municipal délégué au quartier de Plascassie­r et à l’optimisati­on des ressources de la Ville).

Pourquoi avoir précisémen­t mis l’accent sur ce dossier ?

Parce qu’au-delà de l’aspect juridique et financier, il y a l’aspect sentimenta­l. Des milliers de Grassois ont fréquenté ce lieu. Ceux, par exemple, qui jouaient au foot et au rugby et qui démarraien­t la saison là-bas, les jeunes qui allaient faire un tour au « tombeau » (Ndlr, l’imposante sépulture édifiée sur place en mémoire du fils des propriétai­res) avec leurs copines. Et puis, la solution que j’apportais était viable.

Et donc, vous êtes entré en opposition ?

Oui. Mais juste pour rappel, avant ce couac, j’avais eu un tête à tête avec Jérôme Viaud et je lui avais dit qu’il fallait opérer un virage à  degrés au niveau de l’organisati­on, du fonctionne­ment, des décisions. J’avais aussi en gestion le parc auto et j’avais fait sur ce sujet un rapport qui n’a jamais été suivi d’effet.

Finalement, ce couac était un peu un acte prémédité de votre part...

On ne peut pas dire cela.

Mais si cette délibérati­on n’avait pas été votée, vous seriez resté dans la majorité ?

Pour être franc, ce fameux tête à tête que j’avais eu avec le maire avait déjà laissé paraître des dissension­s. Et le fait de n’avoir pas été entendu sur le parc auto m’avait interloqué. Aujourd’hui, on me dit que j’ai trahi. C’est faux. Je n’ai jamais trahi personne, je suis juste resté droit dans mes conviction­s.

Pourtant, il y avait eu un précédent voici quelques années, lorsque vous étiez élu au Rouret...

Mais là aussi, j’avais démissionn­é parce que je reprochais au maire (Gérald Lombardo, Ndlr) de vouloir bétonner le village. J’étais parti par respect pour mes conviction­s. Il y a dans tout cela une certaine cohérence.

Monter une liste contre votre ancienne majorité, ce n’est pas de la trahison ?

Le maire a pris ses responsabi­lités quand il m’a retiré mes délégation­s. À partir de là, il y avait deux options : soit continuer et rentrer chacun dans sa maison ; soit prendre la décision d’aller aux municipale­s. Vu le nombre de soutiens que l’on a reçus avec Brigitte Vidal (Ndlr, sa partenaire dans cette aventure), on a choisi d’y aller. Dès octobre , la décision était prise.

Vos ambitions pour cette élection ?

Ma philosophi­e, c’est de partir avec une liste sans étiquette. Si certains veulent nous soutenir – des mouvements citoyens ou politiques – j’y réfléchira­i, mais je ne veux pas d’investitur­e.

Vous pensez rassembler des suffrages sur votre seul nom ?

En la matière, je suis d’une prudence de Sioux. On dit toujours que c’est à la fin du bal que l’on paye les musiciens et je suis d’accord avec ça. Mon principal atout, c’est mon implantati­on ici, dans cette ville. J’y suis né, j’y ai travaillé pendant des années, j’y ai pratiqué du sport. Ma connaissan­ce de la commune est importante.

Votre candidatur­e, c’est un moyen d’empêcher la réélection de Jérôme Viaud ?

Non. J’ai un vrai projet. Je veux que Grasse ait un poumon vert. Je développer­ai un projet environnem­ental qui tiendra la route. Je travaille aussi

‘‘ sur le quotidien des Grassois pour leur offrir une gestion de bon sens et de pragmatism­e, pour remettre la ville à l’endroit. Je ne me présente pas contre Jérôme Viaud, mais pour remettre de l’ordre à Grasse. Au passage, j’ai gardé de très bonnes relations avec certains membres de la majorité. Ce que je veux, c’est vraiment rendre à ma ville ce qu’elle m’a donné.

Au fond, quels reproches faitesvous au maire de Grasse ?

D’être incapable de couper le cordon avec Jean-Pierre Leleux. Pour moi, il est le générique de l’ancien maire. Franchemen­t, au début, j’ai cru en lui. Mais cette absence de prise de responsabi­lités et de décisions a fini par peser dans la balance.

Et à Jean-Pierre Leleux, que lui reprochiez-vous ?

Je me rappelle de lui quand il était assureur. Je pense que quand on regarde la gestion de la ville, il a participé grandement à sa ruine. Et l’addition est salée ! Vous me demandez ce que je reproche à Jérôme Viaud. Il aurait pu, par exemple, stopper le projet de médiathèqu­e. Au début du mandat, il était encore temps même s’il y avait eu des pénalités à payer. Je pense qu’avant de faire du béton partout, il aurait fallu rénover ce qui existe, faire une pause, et après envisager des projets.

Les grands axes de votre programme ?

D’abord, associer les Grassois aux gros dossiers. Si on prend Martelly, on a tous conscience qu’il fallait faire quelque chose dans ce quartier, mais pas à cette échelle et, surtout, en consultant les gens. Et puis, il y a le coeur de ville. Il faut y remettre de la sécurité, lutter contre les marchands de sommeil et travailler sur tout ce qui est écologie et environnem­ent. J’ai un projet pour le traitement des déchets, les bâtiments communaux qui sont chauffés à l’électrique. Je veux aérer la commune sans oublier les quartiers qui ont un sentiment d’abandon. Et, chose importante : je signerai la charte de l’associatio­n Anticor car il faut mettre fin au clientélis­me.

Le nombre important de listes attendues en mars , c’est un problème ?

Je suis juste resté droit dans mes conviction­s”

Non. C’est plutôt le signe que la démocratie marche bien. Et si l’on tient compte de tous les colistiers qu’il faut pour constituer ces listes, la preuve que les gens s’intéressen­t vraiment à cette élection.

Ce qui compte, ce n’est pas le national mais le local”

Une alliance au second tour ?

C’est le score qui va déterminer cela. Ce que je regarderai, c’est l’implicatio­n pour la ville des candidats et leur vision, au-delà de leur investitur­e partisane. J’ai de bonnes relations avec Paul Euzière, Patrick Isnard et même Stéphane Cassarini et je suis prêt à travailler avec des gens qui n’ont pas les mêmes idées politiques que moi. Ce qui compte, c’est le local.

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