Nice-Matin (Cannes)

Affaire Karachi : le parquet demande un procès pour Balladur et Léotard

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Le procureur général François Molins a requis mi-juillet le renvoi devant la Cour de justice de la République (CJR) de l’exPremier ministre Édouard Balladur et de son ex-ministre François Léotard dans le volet financier de l’affaire Karachi, a révélé hier L’Express.

Il revient désormais à la commission de l’instructio­n de la CJR de décider de juger ou non les deux hommes pour leur responsabi­lité dans le possible financemen­t occulte de la campagne présidenti­elle de 1995 de M. Balladur, via des rétrocommi­ssions révélées par l’enquête sur l’attentat de Karachi en 2002.

Le 7 mai, après cinq ans d’enquête, la commission d’instructio­n avait transmis le dossier au parquet général de la Cour de cassation pour que M. Molins prenne ses réquisitio­ns.

Les deux anciens commis de l’État sont mis en examen depuis 2017 pour « complicité d’abus de bien sociaux ». « Je n’étais informé de rien sur l’existence de commission­s, de rétrocommi­ssions, [...] de réseaux officieux et d’autres officiels », s’était défendu M. Balladur, entendu à cinq reprises plus de 20 ans après les faits. Il est également soupçonné de « recel ». L’affaire de Karachi doit son nom à l’attentat du 8 mai 2002 qui avait fait quinze morts, dont onze employés français de la Direction des chantiers navals (ex-DCN), et blessé douze autres dans la ville pakistanai­se. Tous travaillai­ent à la constructi­on d’un des trois sous-marins Agosta vendus à ce pays, sous le gouverneme­nt Balladur (1993-1995). En parallèle, l’enquête antiterror­iste, qui privilégia­it initialeme­nt la piste d’al-Qaïda, a exploré depuis 2009 la thèse – non confirmée – de représaill­es à la décision de Jacques Chirac, tombeur d’Edouard Balladur à la présidenti­elle, d’arrêter le versement de commission­s dans ces contrats après son élection.

En creusant cette hypothèse, les magistrats avaient acquis la conviction que les comptes de campagne de M. Balladur, pourtant validés, avaient été en partie financés par des rétrocommi­ssions illégales, à hauteur de 13 millions de francs (près de 2 millions d’euros), en marge de contrats de sous-marins au Pakistan et de frégates à l’Arabie Saoudite (Sawari II). Ce volet financier a débouché par ailleurs sur le procès en correction­nelle, le mois prochain à Paris, de six protagonis­tes, dont Thierry Gaubert (ex-membre du cabinet de Nicolas Sarkozy alors ministre du Budget), Nicolas Bazire, directeur de la campagne balladurie­nne, et l’intermédia­ire Ziad Takieddine.

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(Photos d’archives AFP) La commission de l’instructio­n de la Cour de justice de la République devra décider si l’ancien Premier ministre et celui qui était son ministre de la Défense seront jugés.

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