Tango sur un fil
L’équipe de France entame sa Coupe du monde ce matin par un choc face à l’Argentine. Une rencontre déjà décisive pour la suite de la compétition que les Bleus abordent sans certitude
Déjà un huitième de finale : après quatre ans de marasme qu’il espère avoir effacé par trois mois de préparation, le XV de France entame aujourd’hui la Coupe du monde au Japon (16 h 15 heure locale, 9 h 15 en France), à Tokyo, par un choc contre l’Argentine déjà décisif pour la qualification. Évidemment, le sélectionneur Jacques Brunel a raison quand il affirme que ce match ne « sera pas déterminant complètement ». Il en restera trois derrière, contre les États-Unis (2 octobre), les Tonga (6) et l’Angleterre (12), pour sortir de la bien nommée « poule de la mort ».
Même en cas de revers, les Bleus seront toujours en course pour éviter une première sortie de route, dans leur histoire, avant les quarts de finale. Quatre ans après avoir été humiliés en mondovision par les All Blacks à ce stade (62-13).
« On repart de zéro »
Mais vu la forme étincelante du XV de la Rose, qui a étrillé l’Irlande (57-15) il y a un mois comme les Tricolores dans le Tournoi des six nations (44-8), on miserait davantage sur une victoire face aux Pumas. Elle ouvrirait la porte des quarts avant probablement une finale pour la première place face aux Anglais.
A contrario, une défaite et les Bleus auraient trois longues semaines devant eux pour préparer un improbable exploit dans le « Crunch ». Battre ces Pumas, dans une réédition du match d’ouverture de la Coupe du monde 2007 en France (victoire de l’Argentine), n’en constituerait en revanche pas un.
Les Sud-Américains restent en effet sur une série de neuf défaites, dont une face à la France en novembre dernier à Lille (28-13), où ils étaient arrivés probablement fatigués de leur longue saison, avec les Jaguars (Super Rugby) puis la sélection. « Sincèrement, c’est du passé, il ne faut pas se concentrer sur ça. Une Coupe du monde, tout est remis en question. On repart de zéro, les mecs (les Argentins) vont se transcender et rentrer pour jouer leur vie, comme nous », balaie Gaël Fickou. Les Bleus ne doivent pas non plus, selon Yoann Huget, tenir compte des défaites argentines dans le Rugby Championship cet été, dont une raclée à domicile face à l’Afrique du Sud (46-13) : « Ils étaient en pleine préparation (pour le Mondial). Il faut plutôt regarder ce que les Jaguars ont fait toute la saison. » La province de Buenos Aires, qui forme à 90 % l’ossature des Pumas, a atteint début juillet la finale du Super Rugby, la compétition des provinces de l’hémisphère Sud. De son côté, le XV de France n’a gagné, depuis le Mondial 2015, que 36 % de ses matches et s’est offert une crise avec le remplacement au poste de sélectionneur de Guy Novès par Brunel (fin 2017). Une deuxième mini-révolution a eu lieu après le Tournoi2019, que les Bleus ont terminé en lambeaux : Brunel s’est vu adjoindre dans le staff son... successeur, Fabien Galthié.
Avec l’arrivée de l’ancien capitaine maison, chantre de la mobilité et de la vitesse, l’espoir est revenu. Les joueurs y croient, persuadés, « dans un coin de la tête », de pouvoir soulever la coupe Webb-Ellis le 2 novembre prochain. Ils en sont loin. Les trois matches de préparation face à l’Écosse (une victoire, une défaite) et l’Italie (une victoire) ont montré de réels progrès, en défense et dans le jeu dans le désordre, mais aussi rappelé que tout ne se réglait pas d’un coup de baguette magique, en attaque principalement.
Encore des essais
Et là où tous les candidats au titre abordent la compétition avec une équipe-type rodée depuis plusieurs années, la France l’attaque avec une paire de centres (Fickou-Vakatawa) et une troisième ligne (Lauret-Alldritt-Ollivon) inédites. Ainsi qu’avec un capitaine fragilisé depuis six mois (Guilhem Guirado), et un ouvreur de 20 ans et 8 sélections (Romain Ntamack) davantage habitué à jouer centre en club...