Nice-Matin (Cannes)

« Une seule cible, la gagne »

Déjà vainqueur du Bol en 2013 à Magny-Cours, l’ancien pilote MotoGP Loris Baz espère remettre le couvert en terre varoise au guidon de la Yamaha n°7 qui s’est adjugée la pole hier

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Vite fait, bien fait ! Sur un fil et sans filet, durant les vingt minutes de sa série qualificat­ive, Loris Baz vient de détrôner un certain Randy de Puniet en établissan­t le nouveau record de la piste (’’’). « Les pneus fonctionna­ient bien. Excellent feeling. C’était un bon tour, pas un tour parfait », lâche l’invité vedette du e

Bol d’Or qui remplace l’Australien Broc Parkes dans le camp du YART. Ponctuel au rendez-vous, avec la pole en poche et un sourire taille banane, le Haut-Savoyard de  ans évoque ce comeback en endurance entamé la poignée dans le coin. Après avoir tutoyé les étoiles du MotoGP durant trois saisons, il chevauche désormais une Yamaha sur les circuits du championna­t du monde Superbike. À mi-chemin entre Portimao et Magny-Cours, le voilà donc qui change de monture mais pas de marque. En compagnie de Marvin Fritz et Niccolo Canepa, lui qui a déjà décroché la prestigieu­se timbale en  n’espère qu’une chose maintenant : transforme­r l’essai !

Loris, ce week-end, il s’agit bien de votre première course sur le circuit PaulRicard ?

Absolument. J’ai même découvert le grand tracé lors des essais pré-Bol, au début du mois. Jusque-là, ma seule expérience datait d’il y a quelques années : une dizaine de tours du circuit , km en mode baptême, avec un passager, c’est tout.

Vos premières impression­s en mode « compète » ?

Ravi de rouler enfin sur ce circuit mythique. Mon père venait ici au Bol à l’époque de l’écurie Godier-Genoud (à la fin des années , ndlr). Il leur donnait un coup de main. Moi, j’ai toujours entendu parler du Castellet. Bien sûr, l’endurance fait partie de la culture de la moto française. Depuis que j’ai gagné le Bol à MagnyCours, l’envie de remettre ça me tenaillait. Encore fallait-il une bonne opportunit­é. La voilà ! Concrétise­r ce come-back au Paul-Ricard avec un team tel que le YART, on ne peut pas rêver mieux.

Ce retour, justement, comment s’est-il goupillé ?

Le YART et moi, c’est une belle histoire. Courte mais belle ! (Rire) Ils m’ont mis le pied à l’étrier en . Je venais d’avoir  ans. A l’époque, personne ne misait sur des jeunes. D’entrée, nous montons sur le podium des  Heures du Mans ensemble (e).

Deux ans plus tard, je gagne le Bol d’Or avec

l’équipe Kawasaki SRC. Là, il se trouve que l’un des trois titulaires est indisponib­le. Broc Parkes doit impérative­ment prendre part à l’avantderni­ère course du championna­t asiatique ARRC programmée ce week-end en Malaisie.

Il ne peut pas la zapper, sous peine de perdre sa place de leader.

Alors Mandy Kainz (le teammanage­r du YART) s’est à nouveau tourné vers moi. Ça s’est fait assez facilement, naturellem­ent. Nous avons toujours gardé contact. Et d’ailleurs, je l’appelle toujours papa !

Quel souvenir gardez-vous de votre baptême du feu ?

Un super souvenir. Au départ, j’étais quatrième pilote. Mais j’ai vite changé de statut parce qu’un coéquipier s’est blessé. En course, on a chuté, puis on est remonté du e rang au top . De quoi carrément décrocher un record : plus jeune pilote sur le podium des  Heures du Mans. Clin d’oeil du destin, Steve Martin, l’un de mes deux partenaire­s, est lui devenu au même moment le plus vieux !

Et le triomphe au Bol d’Or , où le situez-vous sur votre échelle de valeurs ?

Moi, vous savez, j’ai tendance à séparer les performanc­es et les résultats acquis en vitesse et en endurance. Parce qu’il s’agit de deux mondes différents. Mais je peux vous dire que gagner un double tour d’horloge, en terme d’émotion, c’est assez exceptionn­el. Pendant  heures, on en voit de toutes les couleurs, on passe par tous les états, on a le temps de se poser des tas de questions. Alors, s’il arrive, l’aboutissem­ent s’avère sacrément intense.

Depuis le retrait de l’équipe GMT , le YART est le seul team de pointe Yamaha. Sentez-vous un surcroît de pression ?

Pas spécialeme­nt, non. Je sens plutôt une énorme motivation. En endurance, on le sait, il y a deux paramètres essentiels : le travail et la réussite. Le facteur chance, on ne le maîtrise pas. On ne compte pas dessus. En revanche, côté boulot, chacun met le paquet. Avec Nicolo et Marvin, deux coéquipier­s qui connaissen­t beaucoup mieux la discipline et la machine que moi, on s’est attaché à définir le meilleur compromis possible au niveau des réglages. Nous visons une seule cible, la gagne.

Qu’a-t-il manqué au YART jusqu’à présent pour remporter une course de  heures ?

Je vous le répète, la chance tient un rôle important en endurance, surtout au Bol et au Mans. Il suffit d’un grain de sable pour anéantir tous vos efforts, casser le rythme, la stratégie. Chuter sur une trace d’huile, par exemple. Le YART a appris de ses erreurs. Dernièreme­nt, il s’est plus souvent illustré lors des épreuves de  heures, OK. Mais on peut dire qu’il connaît très bien le terrain désormais, comme en témoigne son niveau de performanc­e. Maintenant, à nous de l’aider à gravir la plus haute marche.

Quand vous mettez le curseur sur la position endurance, quel est le changement numéro  ?

Un fois en piste, dans la tête, il faut tout de suite penser à la gestion du trafic. Etre super vigilant, garder une marge, car ici certains concurrent­s tournent  secondes moins vite. A part ça, côté réglages, plutôt que de privilégie­r la perfo pure sur un tour, on doit mettre l’accent sur le confort de pilotage. Vous avez besoin avant tout d’une moto efficace, quelles que soient les conditions.

Avant l’été, vous avez pris le train du World Superbike en marche. Satisfait de ce nouveau départ ?

Je suis heureux de revenir en WSBK. Surtout avec Yamaha, ma marque de coeur. Avouons-le, ce n’est pas simple de débarquer après le début de saison. Difficile de retrouver le rythme. On a commencé par deux week-ends d’échauffeme­nt. Maintenant, ça va de mieux en mieux. La séance d’essais accomplie à la fin de la coupure estivale s’est avérée productive. De quoi viser le podium lors des échéances à venir, dès la semaine prochaine à Magny-Cours, j’espère. Mais on regarde également au-delà puisque je poursuivra­i l’aventure avec le team Ten Kate. En , je veux être en mesure de jouer une bonne place au championna­t.

Si votre trajectoir­e en MotoGP était à refaire ?

(Du tac au tac) Je ne nourris qu’un seul regret : ne pas avoir pu montrer mes capacités au guidon d’une bonne moto au moins une saison. Aujourd’hui, je suis totalement concentré sur un autre défi : devenir un jour champion du monde Superbike. Le MotoGP ? Je me régale en regardant les courses de Fabio, voilà !

Fabio Quartararo, justement, il vous étonne ?

Il surprend beaucoup de monde, non? Moi, je suis conscient de son talent hors norme depuis longtemps. La première fois que je l’ai vu rouler, il avait six ans. On a le même manager (Eric Mahé). Fabio dispose d’une excellente machine. La meilleure pour débuter, d’après moi. Il progresse à toute vitesse. Peut-être qu’on le verra battre une fois Marc Marquez dès cette année... J’y crois !

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Gagner le Bol, c’est une émotion exceptionn­elle ”

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Loris Baz : « En endurance, on doit mettre l’accent sur le confort de pilotage. Vous avez besoin avant tout d’une moto efficace, quelles que soient les conditions. » (Photo Frank Muller)
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