Nice-Matin (Cannes)

Nadine Sadarnac a du swing dans les idées !

La musicienne joue Qui m’aime me swing : une création où l’humour permet d’affronter les épreuves. Au théâtre Le Tribunal ce soir

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

La mettre dans une case ? N’y pensez même pas ! Nadine Sadarnac ne voit la musique qu’avec un grand M, comme elle dit. « L’entrecôte-frites, c’est bon. Mais si vous en mangez tous les jours, c’est lassant, non ? », s’amuse-t-elle en livrant une métaphore on ne peut plus explicite sur son amour de l’éclectisme. Pianiste, la musicienne native de Limoges joue un nouveau seul en scène écrit par Trinidad et mis en scène par Kamel Benac : Qui m’aime me swing. Une tranche de vie, de résilience, à dévorer avec poésie, légèreté et humour au théâtre du Tribunal dès ce soir.

Comment est née cette création avec Trinidad ?

Je suis allée la chercher. En fait, c’est une histoire qui me trotte dans la tête depuis un moment. Mais je ne voulais pas la raconter avec mes mots à moi. J’ai demandé à Trinidad si elle voulait bien le faire et on a travaillé ensemble.

Vous avez donné naissance à votre Nadine…

Oui, ensemble. Mais à vrai dire, Nadine, c’est moi…

Une création autobiogra­phique ?

En fait, c’est l’histoire de n’importe quelle pianiste. Elle monte à Paris pour faire du jazz et voit sa vie bouleversé­e. Elle se trouve face à des médecins qui lui disent : ma p’tite dame la musique, c’est fini, va falloir songer à faire autre chose… Mais non. Bien au contraire.

Que s’est-il passé ?

Un jour, je me suis fermé une portière de x sur les doigts. Pour une pianiste, c’est quelque chose de dramatique. Et pourtant, cela m’a permis de voir les choses différemme­nt. Et de me poser les bonnes questions.

On suit la résilience de Nadine à travers la vôtre sur scène…

Oui, dans une histoire où les choses sont tournées en dérision. C’est drôle ! Vous savez, dans notre vie, un jour il nous arrive quelque chose qui impacte tellement votre façon de voir et d’agir que rien n’est plus pareil. Imaginez si Grand corps malade avait sauté dans une piscine plein d’eau, il aurait été basketteur par exemple. Les épreuves peuvent faire naître de belles choses.

Un sujet intime qui n’est pas évident à aborder sur scène ?

C’est mon histoire. Mais cela peut être celle de beaucoup ! Peut-être que ce vécu va déclencher des choses chez les spectateur­s. Il peut faire écho à d’autres histoires de vie. La question de la remise en question peut parler à chacun. À quel moment on fait quelque chose pour faire plaisir à quelqu’un alors que cela ne nous correspond pas ? Même si la tonalité reste légère, j’ai voulu que le spectacle fasse réagir. Et évoque des nouvelles portes qui s’ouvrent sur un plaisir immense, sur aussi la façon de se trouver.

Trouver sa « place » ?

Ce que chacun cherche. L’événement qui m’est arrivé m’a permis de comprendre que j’avais fait des choses pour faire plaisir à mes parents, à Claude Bolling aussi, à d’autres gens, mais qu’avec cela je ne me réalisais pas.

Vous sentez-vous différente de celle que vous étiez avant votre accident ?

Actuelleme­nt, je me sens en accord avec ce que j’ai toujours aimé : la femme, la musicienne. Cette histoire m’a permis d’être fière de ce que je fais et d’essayer de le transmettr­e et de le partager. Aujourd’hui je me sens vraiment à ma place ! Et comme dit : Qui m’aime me swing ! J’ai préféré tirer le meilleur de cet événement.

Cela demande une belle force intérieure…

Mon lien avec la musique est tellement fort, tellement puissant, que je ne me voyais pas faire autre chose. C’était impossible. Je ne voulais pas uniquement oeuvrer dans l’enseigneme­nt. J’adore ça. Mais j’ai besoin de la scène. J’en fais depuis que j’ai  ans, quand on a goûté à ce privilège d’emporter les gens avec soi, on ne peut pas tout lâcher. C’est mon essence de vie, ma sève, ce qui me permet d’exister et d’essayer d’être heureuse.

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(Photo DR/J.-P. Mabille) Nadine Sadarnac monte sur les planches du théâtre dès ce soir.

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