« Nous pensons à Hervé Gourdel tous les jours »
L’hommage de Françoise Grandclaude, la veuve du guide azuréen assassiné il y a cinq ans en Algérie, à l’occasion de la Journée nationale dédiée aux victimes du terrorisme
Confrontée à une violence et une douleur extrêmes, elle a toujours choisi la discrétion et la pudeur. Françoise Grandclaude a trouvé la force de s’exprimer en public, à la tribune, cinq ans après l’assassinat de son mari, le Niçois Hervé Gourdel (Nice-Matin d’hier) .Le contexte était particulier. C’était jeudi, à Paris, aux Invalides, à l’occasion de la Journée nationale dédiée aux victimes du terrorisme. « Lorsque je rentre de l’école à vélo, après la classe, je pense toujours à Hervé. Surtout à cette époque de l’année, en toute fin d’aprèsmidi, sur la corniche… », débute Françoise Grandclaude. Hervé Gourdel avait été kidnappé en Kabylie par un groupuscule djihadiste, à l’aube de l’automne 2014. Le 24 septembre, ses ravisseurs revendiquaient son exécution.
« Volonté de savoir, mais sans haine »
À l’heure de ce sinistre cinquième anniversaire, Françoise Grandclaude dépeint la « belle lumière qui baigne la mer à Nice comme à Alger, qui enveloppe les montagnes du Mercantour comme celles de Kabylie. Une belle lumière de photographe ! » La photo, la montagne, le voyage, le partage : autant de passions chères au guide de haute montagne assassiné. «Une lumière, une flamme, une étincelle, Hervé était tout cela. Nous pensons à lui tous les jours. » Depuis cinq ans, Françoise Grandclaude et ses proches s’efforcent de transcender ce drame pour porter des actions positives. « Nous avons décidé de continuer “dans” notre vie. Ses enfants sont devenus des adultes, raconte sa veuve. Nous avons créé une association qui met en avant la montagne, qui la fait découvrir à travers la photo et le cinéma, et se met au service des personnes en situation de handicap pour aller en montagne. Aller de l’avant. »
À titre personnel, Françoise Grandclaude est devenue déléguée territoriale de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs. Elle s’est efforcée d’aider après le drame du 14 juillet 2016. « Nous nous sentons très proches de toutes les victimes des attentats, insiste-telle. Nous n’oublions pas les horribles circonstances de la mort d’Hervé et nous attendons le procès en Algérie. Je l’attends avec impatience, volonté de savoir mais sans haine. »
Aux dernières nouvelles, l’affaire attendait d’être programmée devant le tribunal pénal d’Alger. Elle sera jugée en l’absence de Jean Gourdel, le père d’Hervé, disparu en mai 2018. Par la voix de Françoise Grandclaude, sa famille exprime « une pensée pour lui ».