Nice-Matin (Cannes)

Thomas Cook : le voyage de noces tourne au naufrage

Yves, 73 ans, a épousé Christine l’année dernière. Le couple, parti de mercredi, est coincé au Canada. Le circuit Jet Tours, vendu par Thomas Cook, tombe à l’eau…

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

C’est un petit groupe de six personnes. Toutes domiciliée­s à Saint-André-de-laRoche, près de Nice. «Mon épouse et moi-même sommes partis avec ma soeur, mon beau-frère et un couple d’amis », décrit Yves Guillon, un retraité de soixantetr­eize ans. Destinatio­n : le Canada. « Le voyage de notre vie. » Mieux, un voyage de noces pour Christine et Yves, puisque tous deux ont convolé l’an passé. Mais le séjour tourne au naufrage, et pas seulement pour eux. « Sur place, nous avons intégré un groupe d’une quarantain­e de touristes. Parmi eux, deux Grassois dont nous venons de faire la connaissan­ce », raconte Yves. Tout se déroulait à merveille depuis le départ mercredi dernier. Le circuit, concocté par Jet Tours et distribué par Thomas Cook, passait par Toronto et par les chutes du Niagara. Avant un trajet New York/Nice, via Paris, prévu lundi.

Hier matin, le couperet est tombé. « Notre guide est venu nous informer de la faillite de Thomas Cook. Par conséquent, nos prestation­s ne sont plus assurées. » Consternat­ion. Yves et ses proches ont profité, hier, de l’ultime sortie prise en charge dans le cadre du programme. Soit, par chance, le clou de ce voyage : Niagara. « Sublime, après une visite de Toronto la veille, absolument magique. »

Du rêve à la réalité

Réveil difficile. Et même un peu tendu. « Nous sommes à la rue », traduit Yves qui a réservé ce circuit au mois de mai dernier, chacun ayant déboursé près de 2 400 euros. « À partir de maintenant, nous sommes livrés à nousmêmes. »

« Je me fais du souci », avoue le retraité qui, heureuseme­nt, a eu confirmati­on de la validité des billets de retour. Ils ont bien été acquittés auprès de la compagnie Air France par l’agence Thomas Cook de la rue de l’Hôtel-des-Postes, à Nice. Reste à rallier New York, à 800 km de Toronto. Et d’ici là, nuitées et repas, théoriquem­ent inclus dans le forfait, sont à régler intégralem­ent. « Il faut mettre la main à la poche. Pour nous, ça va encore. Mais certains, dans le groupe, vont se retrouver financière­ment coincés. » Raison pour laquelle Yves tente, par tous les moyens, de modifier le vol retour : « Je cherche des Toronto/Paris pour rentrer le plus vite possible. »

Malgré ses efforts, il n’a pas réussi à joindre l’ambassade de France au Canada. Ce serait le seul moyen d’enrayer la crise si, d’aventure, l’hôtel décidait de confisquer les passeports en cas de non-paiement. Si les compagnies aériennes sont créditées dès l’émission des titres de transport, il n’en va pas de même des structures d’hébergemen­t. Selon un usage courant dans le secteur du voyage, des accords entre voyagistes et tour-opérateurs permettent de payer les hôteliers trente jours après le retour. Yves, pour arrêter les frais, s’apprête à écourter le séjour. Sur un bilan amer : « Nous avons réussi notre mariage, on est en train de rater le voyage de noces. »

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 ??  ?? Yves Guillon, son épouse et leurs proches, partis mercredi de Saint-André-de-la-Roche, sont coincés depuis hier entre Toronto et Niagara. Leur vol retour est prévu lundi, au départ de New York… (DR)
Yves Guillon, son épouse et leurs proches, partis mercredi de Saint-André-de-la-Roche, sont coincés depuis hier entre Toronto et Niagara. Leur vol retour est prévu lundi, au départ de New York… (DR)

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