Nice-Matin (Cannes)

Guillaume Canet éleveur

- PHILIPPE DUPUY

L’histoire

Pierre (Guillaume Canet) a vingtcinq ans quand il rentre des États Unis pour retrouver Claire, sa fiancée (Veerle Baetens), et reprendre la ferme familiale. Vingt ans plus tard, l’exploitati­on s’est agrandie, la famille aussi. Mais les dettes s’accumulent et Pierre s’épuise au travail. Malgré l’amour de sa femme et ses enfants, il sombre peu à peu dans la dépression…

Notre avis

Edouard Bergeon, dont c’est le premier film, raconte l’histoire de son père, éleveur surendetté et frappé par la crise agricole, dans ce beau drame paysan à la réalisatio­n très classique. Affublé d’une moustache et d’une calvitie précoce, Guillaume Canet y campe un Pierre Bergeon très ressemblan­t aux photos de famille que l’on peut voir défiler au générique. L’acteur, qui avait été touché par un documentai­re du réalisateu­r (Les Fils de la Terre) et avait même envisagé d’en tirer un scénario, s’est beaucoup investi dans le tournage et la promotion du film. De l’enthousias­me des débuts au drame final, en passant par toutes les étapes qui conduisent son personnage à l’échec et à la dépression, sa performanc­e est admirable et devrait lui valoir les honneurs des César. Le reste du casting est au diapason, avec trois jolis rôles pour Veerle Baetens qui joue sa femme, Anthony Bajon qui joue leur fils, et Rufus dans le rôle du père. Opposé aux idées progressis­tes de son fils et peu enclin à l’aider financière­ment, alors qu’il pourrait très bien le faire (Pierre s’est lourdement endetté pour racheter ses parts de l’exploitati­on familiale), il sera l’un des artisans de sa chute.

Très réaliste et émouvant (voire éprouvant à certains moments), le film navigue entre chronique familiale et drame paysan, sur fond d’évolution du monde agricole. C’est dans la descriptio­n des rapports entre Pierre, son père, sa femme, et leur fils qu’il est le plus convaincan­t. La crise agricole est évacuée au second plan, derrière les effets dévastateu­rs de l’échec profession­nel et de la dépression. Au point qu’on se dit, à la fin, qu’avec des choix plus avisés et moins d’égoïsme paternel, Pierre aurait très bien pu s’en sortir et réussir… Pour une fiction plus pointue et audacieuse sur la crise agricole et les difficulté­s des éleveurs, on conseiller­a plutôt de revoir l’excellent Petit Paysan d’Hubert Charruel, qui a reçu l’an dernier le César du meilleur premier film.

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