BOUCHONS SUR L’A8 : COMMENT ÉVITER LA PARALYSIE
Un camion en feu a paralysé les Alpes-Maritimes une bonne partie de la journée de mercredi. Cette pagaille aurait-elle pu être évitée ? Nous avons posé la question à plusieurs experts.
1 Pourquoi les abonnés télépéage n’ont-ils pas été alertés sur leur smartphone ?
« On a déjà expérimenté l’alerte sur le téléphone dans des configurations de travaux sur un trajet domicile travail. Ce système n’était pas opérationnel mercredi mais cela fait partie des solutions que l’on pourrait mettre en place », estime Bertrand Wipf-Scheibel, le directeur de la communication d’Escota, filiale de la société gestionnaire de l’A8 Vinci Autoroutes. Il se dit « à disposition de toutes les parties prenantes pour réfléchir à une logique de mobilité croisée ».
2 Pourquoi a-t-on laissé entrer les usagers sur l’A ?
« L’A8 a été coupée quand l’incendie s’est déclaré pour que les pompiers interviennent en toute sécurité », explique Bertrand Wipf-Scheibel. Avant d’ajouter : « On a pu rétablir une voie vers 7 heures. Ce n’est pas satisfaisant mais la capacité de faire circuler était là. On ne va pas fermer pour fermer. L’ensemble des voies était rendu à 15 heures. »
3 Pourquoi, comme lorsqu’il y a des travaux, n’a-t-on pas basculé les automobilistes sur les voies opposées pour fluidifier le trafic ?
« Parce que ce genre de manoeuvre demande du temps et doit être menée selon un protocole de sécurité complexe, précise Bertrand Wipf-Scheibel. De plus, cette solution n’est pas toujours applicable à cause des terre-pleins centraux ».
4 Ya-t-ileuunpic de pollution ?
« Sur nos stations fixes, on n’a rien observé. Mais pour pouvoir mesurer l’impact d’un tel événement, il aurait fallu avoir un appareil de mesure sous le panache de fumée, ce qui n’était pas le cas », répond Florence Péron responsable de l’établissement Atmosud à Nice, une association agréée par le ministère de l’Environnement pour la surveillance de la qualité de l’air de la région. Ce qui est certain cependant, pour cette experte : « Il y a une dégradation de la qualité de l’air localisée et ponctuelle même si on n’a pas pu la quantifier. Les bouchons dégradent la qualité de l’air. Plus ils durent, plus ça dégrade ; à moins que tout le monde éteigne son moteur. L’incendie va aussi émettre des composés organiques volatils, des hydrocarbures aromatiques polycycliques dont le benzo (a) pyrène, du dioxyde d’azote, des dioxines et des particules fines. La combustion a duré assez longtemps Toutes ces émissions supplémentaires ont forcément eu un impact. »
5 Pourquoi les usagers ne sont pas remboursés de tous les péages alors que le service a été défectueux ?
« Hier, en conseil métropolitain, Christian Estrosi et les maires du territoire ont voté une motion demandant à Escota « la mise en place d’une commission d’indemnisation visant à indemniser les usagers et les entreprises ayant été impactés par l’accident de mercredi ». « Des usagers ont été pris en otages. Malgré les efforts des personnels d’intervention et de secours, certains automobilistes ont passé plusieurs heures bloqués dans leur voiture. Des actifs et des entreprises ont subi un lourd préjudice. Il y a eu des conséquences sociales, économiques, des pertes de chiffres d’affaires. Il y a eu des conséquences environnementales graves et aucun des maires n’a été alerté sur les mesures à prendre avant la fin de matinée [de mercredi, ndlr] !» , a fulminé Christian Estrosi.
Et de piquer fort : « Nous avons le sentiment qu’Escota qui dégage 200 à 280 millions d’euros par an, qui continue d’augmenter le coût du péage chaque année, n’a pas su gérer cette crise et l’anticiper. »
Le directeur de la communication d’Escota réplique : « Sur la section la plus impactée [Saint-Isidore, Nice-Ouest, ndlr], nous avons levé les barrières de péage. Mais nous ne pouvions toutes les ouvrir. Je rappelle que cet incendie est un événement exceptionnel indépendant de notre volonté. Ceux qui souhaitent un remboursement peuvent nous écrire et on analysera les demandes au cas par cas. »