Attaque de Halle : l’Allemagne veut endiguer l’ultra-droite
Une « tolérance zéro » contre « la haine [et] la violence » : Angela Merkel et l’ensemble des responsables politiques allemands ont promis hier la plus grande fermeté face à l’extrémisme de droite, au lendemain de l’attentat antisémite et raciste qui a provoqué une onde de choc dans un pays hanté par son passé nazi.
Lourdement armé
« Nous devons protéger » les juifs en Allemagne, a ainsi martelé le président de la République Frank-Walter Steinmeier, conscience morale du pays. L’attentat de Halle est « un jour de honte et d’opprobre » pour l’Allemagne, 75 ans après la Shoah, a souligné le président fédéral, qui s’exprimait devant la synagogue de Halle.
Le tireur, un Allemand de 27 ans présenté comme Stephan Baillet par les médias, a agi seul, ont déclaré les autorités. Il voulait « commettre un massacre » dans l’édifice religieux où étaient rassemblées des dizaines de croyants à l’occasion de la grande fête juive de Yom Kippour, selon le procureur antiterroriste, Peter Frank. L’assaut, filmé et diffusé en direct pendant 35 minutes sur une plateforme de streaming, a été mené par un extrémiste de droite « marqué par un antisémitisme effrayant, une haine de l’étranger » et « lourdement armé ». Après avoir tenté en vain de pénétrer dans la synagogue, le tireur, muni de quatre armes, a abattu une passante puis, quelques minutes plus tard, un jeune homme dans un restaurant de kebabs. Il a finalement été arrêté par la police à la suite d’une coursepoursuite en voiture, et transféré hier à Karlsruhe, où siège le Parquet antiterroriste.
Un manifeste antisémite
Le bilan final de deux morts et deux blessés aurait pu être beaucoup plus lourd si la porte de la synagogue, fermée à double tour, n’avait pas résisté aux coups de fusil de l’assaillant. Quatre kilos d’explosif artisanal ont par ailleurs été découverts dans la voiture du jeune homme. L’assaillant a manifestement pris pour modèle Brenton Tarrant, le suprémaciste blanc australien responsable de la tuerie de Christchurch, et a lui aussi publié avant l’attentat un « manifeste » antisémite dans lequel il fait part de son objectif de « tuer autant d’anti-Blancs que possible, de préférence des Juifs ». L’attentat a suscité un immense choc en Allemagne où la communauté juive, anéantie par la Shoah, est en plein essor à la faveur de l’arrivée dans les années 90 de très nombreux Juifs originaires de l’ex-URSS. Elle compte 225 000 membres, soit la troisième plus grande communauté juive en Europe, derrière la France et la GrandeBretagne. Or les actes antisémites dans le pays ont augmenté de près de 20 % l’an dernier par rapport à 2017.