Nice-Matin (Cannes)

À Bouyon, une maison coupée en deux par la boue

Miraculés. Dans la nuit de samedi à dimanche, une famille a échappé de peu à un glissement de terrain qui a dévasté leur habitation. Ils sont relogés dans un gîte du village par la municipali­té

- LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

On a tout perdu, tout perdu ». Les yeux cernés, rougis, Sandrine pleure. Tremble. S’accroche aux gendarmes : « J’ai perdu mes papiers de voiture, mes papiers, tout. » Elle frissonne. Le froid. Le drame de la nuit dernière. La pluie qui ne faiblit pas et qui la trempe jusqu’à l’os. Sandrine cherche désespérém­ent de quoi se couvrir dans le coffre de sa voiture bourré jusqu’à la gueule de sacs-poubelles remplis de vêtements, d’assiettes, de photos, « de tout ce qu on a pu prendre », glisse Eric, son compagnon.

« Un bruit énorme et la boue »

« Cette nuit vers 1 h 30, on a entendu un bruit énorme et la boue a commencé à dévaler dans le salon », raconte-t-il. Ils habitent – habitaient – une bicoque tout au bout du monde. Une maison de bric et de broc paumée dans un coin de Bouyon, abritée par une colline. Et puis, la terre s’est mise en colère pendant la nuit d’orage de samedi à dimanche : la colline en furie a vomi 1,50 mètre de boue sur leur toit. Un déferlemen­t. D’un coup, comme ça. Le temps « de récupérer trois affaires» et de s’enfuir.

« On n’a plus rien »

Le glissement de terrain a nécessité l’interventi­on de onze sapeurspom­piers, déblayant sans relâche dans la nuit, espérant toujours. Eric, Sandrine, leurs deux ados et un ami présent ce soir-là ont passé la nuit chez une voisine. « On n’a pas fermé l’oeil », souffle Eric. Et ce dimanche matin « c’est pire », dit-il en montrant ce qu’il reste de sa maison : quatre murs coupés en deux par la boue, traversés par une marée de terre liquide qui semble ne jamais vouloir s’arrêter.

« On n’avait déjà pas grand-chose, cette fois on n’a plus rien » ,sedésole Eric. Rien, sinon cinq oies qui pataugent dans la boue devant la porte close de la masure dévastée. Rien, sinon des chiens qui «seront hébergés par la voisine ». Rien. Sinon une maison coupée en deux, inhabitabl­e et dangereuse. Rien, sinon leurs vies saines et sauves. La famille doit être hébergée dans un gîte mis à dispositio­n par la mairie pour les prochains jours.

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 ??  ?? « Cette nuit vers  h , on a entendu un bruit énorme et la boue a commencé à dévaler dans le salon » (Photos Laure Bruyas)
« Cette nuit vers  h , on a entendu un bruit énorme et la boue a commencé à dévaler dans le salon » (Photos Laure Bruyas)

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