Cinq pistes pour prévenir le burn-out des dirigeants
Olivier Torrès, le professeur et fondateur de l’Observatoire Amarok, était à Toulon pour évoquer la santé des dirigeants. Un sujet tabou et pourtant crucial
Les chefs d’entreprise sont souvent les parents pauvres de la santé au travail. Pourtant préserver son capital santé, c'est préserver l’entreprise. » Pour en parler, sensibiliser ces dirigeants et leur proposer un outil de formation afin d’améliorer leur santé, l’Union patronale du Var a récemment invité Olivier Torrès, professeur des Université de Montpellier, économiste spécialiste des PME et fondateur d’Amarok, le premier observatoire sur la santé des dirigeants. Venu évoquer « l’impact de la gestion d’entreprise sur la santé du dirigeant », il dresse plusieurs constats et ouvre la réflexion pour que ce sujet ne reste plus tabou.
- Un enjeu vital pour l’entreprise
« La santé des dirigeants, c'est le premier capital immatériel des PME car le chef d’entreprise crée de la richesse et de l’emploi. Un patron d’une TPE de 6 ou 7 salariés, s’il décède, c'est tout le système de gestion de l'entreprise qui est touché. Le risque, c’est le dépôt de bilan », explique-t-il.
- Santé et sommeil trop négligés
Selon un sondage, si 7 patrons sur 10 ont consulté un médecin généraliste au cours des 12 derniers mois, seuls 10 % d'entre eux ont déclaré un arrêt de travail. La majorité estime qu'il est difficile de s'arrêter car lorsqu'un chef d'entreprise n'est plus à son poste, c'est toute son entreprise qui en est bouleversée. Résultat : « J’entends souvent : “Je n’ai pas le temps d’être malade. Je ne tombe malade que lorsque je suis en vacances. Du coup, je ne prends plus de vacances.” » Autre constat : si le Français dort en moyenne 6 h 47 par nuit, le dirigeant ne se donne que 6 h 20. Un faible écart mais qui, cumulé, influence son comportement. « À force de faire de son sommeil une variable d’ajustement, le dirigeant devient plus irritable, moins créatif et innovant. »
- Mieux vaut un stress choisi
À la fatigue et au manque de sommeil s’ajoutent d’autres facteurs de risque de maladie comme la surcharge de travail (55 h en moyenne par semaine pour un chef d’entreprise), l’incertitude du carnet de commandes et la solitude. « Je suis le nez dans le guidon », entend-on souvent.
Mais c’est surtout le stress qui n’est pas bon dans tous les cas. Le pire de tous ? Le dépôt de bilan. « Le plus ravageur avec des risques suicidaires. » Entre stress subi et stress choisi, mieux vaut ce dernier car il serait moins nocif pour la santé lorsqu’il génère de la satisfaction au travail. À bon entendeur !
- Des facteurs « salutogènes »
La bonne nouvelle est qu’il existe des facteurs « salutogènes » qui génèrent de la bonne santé comme le sentiment de maîtriser son destin lorsqu’on est entrepreneur, par opposition au fatalisme. Il y a aussi l’endurance (l’instinct du rebond : je tombe, je me relève), ainsi que l’optimisme et le « penser grand » dixit Olivier Torrès. Résultat : c’est au chef d’entreprise de faire équilibrer la balance. « Entreprendre, c’est bon pour la santé », assure-til. Son conseil : rester attentif à sa fatigue, à son corps et s’octroyer des siestes, « très réparatrices ».
- Un filet de sécurité
Selon un sondage MMA, sur un échantillon représentatif de 1 500 chefs d’entreprise, 17,5 % d’entre eux seraient en risque de burn-out, sous l'emprise de la fatigue, en manque de sommeil et ne parlant que de travail, avec un fort sentiment de déception. Le signe ? « La répétition des “J'en ai marre” à longueur de journée. » Pour apprendre à repérer le burn-out, à mieux gérer son sommeil, son stress et améliorer sa situation, des séminaires sont proposés, gratuits et financés par l’Agefice, organisme de formation pour les dirigeants géré par le Medef et la CPME.