La formation des dirigeants, nouvelle mission de l’UIMM
A 100 ans, l’UIMM Côte d’Azur est plus que jamais force de proposition. Son nouveau cheval de bataille ? Former les dirigeants au numérique. Les explications de son président
1919-2019. L’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Côte d’Azur fêtera officiellement son centenaire jeudi à Nice à la villa Massena. Si les années passent, la mission, elle, est inchangée : représenter et accompagner les entreprises industrielles des Alpes-Maritimes dans leur développement économique et social. L’UIMM a toujours su se renouveler et être force de proposition comme le montre le travail entrepris il y a deux ans à l’échelon national sur l’évolution du dispositif conventionnel qui parlera plus « de modèle social propre au XXIe siècle et de compétences, souligne Daniel Sfecci, président de l’organisation patronale Côte d’Azur. A compétences égales, le salaire doit être le même qu’on soit homme, femme, jeune entré ou ancien. » À l’heure de la numérisation et de l’industrie 4.0, le président de l’UIMM 06 a un autre cheval de bataille : la formation. Notamment celle des dirigeants.
La Côte d’Azur est-elle vraiment un territoire d’industrie ?
Dans les Alpes-Maritimes, il est souvent politiquement correct d’oublier l’industrie car on est avant tout un territoire de tourisme. Selon l’Insee, l’industrie représente , % du PIB du département mais si on prend en compte l’industrie ., celle porteuse avec les startups des nouvelles technologies, on arriverait pratiquement à %. Le secteur composé en majorité de TPE/PME a un poids économique plus important qu’on ne le supposait il y a quelques mois.
Pourtant, l’industrie souffre d’un déficit d’image…
J’ai voulu faire le point sur qui étaient les adhérents de l’UIMM pour mettre en place des stratégies et des actions en faveur de l’industrie. Certaines filières comme les bureaux d’études de Sophia Antipolis - ne sont pas forcément représentées au sein de notre organisation patronale. Nous avons adhérents, soit emplois, sur près de entreprises industrielles. On nous classe souvent uniquement dans la métallurgie mais les filières de l’UIMM d’aujourd’hui sont le véhicule autonome, la construction avec le bâtiment intelligent, l’aérospatial et l’aviation, les déchets-recyclage, la maintenance (notamment la partie prédictive), l’éclairage et mécatronique. J’ai nommé à la tête de chacune de ces huit filières un président qui travaillera de façon endogène sur le devenir de son cluster. Pour qu’on se rende compte de la pertinence d’une filière dans le département, de ses forces et de ses faiblesses. Cette vision de l’UIMM par filière mettra aussi l’accent sur les millenials et les femmes.
Pourquoi ces deux thématiques ?
Parce que l’industrie de demain doit intégrer la vision et la façon de penser et d’agir des jeunes. Ensuite parce que % des boîtes vont être concernées par la transmission.
C’est un sujet conjoncturel dû au papy-boom que l’on doit gérer au plus vite pour éviter que des entreprises ne soient démantelées ou qu’elles ne quittent le territoire. Il faut donc songer à la transmission et aux candidats repreneurs. Pourquoi pas des femmes que l’UIMM amènerait à être dirigeantes ? On travaille à la mise en place d’une boîte à outils recensant les problèmes que ces dernières peuvent rencontrer dans l’industrie.
D’où l’importance de la formation…
La formation du dirigeant est l’autre axe de travail que l’on veut disrupter. Depuis six mois, on réfléchit à une formation intitulée Le Parcours du dirigeant . pour faire de la numérisation une arme de développement. Elle a deux volets. Le premier concerne le positionnement du chef d’entreprise face à l’évolution digitale. Comment l’aider à anticiper sa stratégie de digitalisation. Faire en sorte qu’il imagine sa société dans une industrie .. C’est d’autant plus compliqué de se remettre en cause quand on a un modèle économique qui marche et une activité industrielle qui dégage des marges. Les entreprises industrielles ont, dans une grande majorité, suivi l’évolution numérique des machines mais la question est désormais de muter vers la gestion de data. Comment gérer le management immatériel de l’entreprise - les ressources humaines - et la gestion de l’actif immatériel (brevets, modes de fabrication) de l’entreprise ?
Quel est l’autre volet de la formation ?
La valorisation de l’actif immatériel. Trois quarts des boîtes reprises en transmission échouent parce que le dirigeant n’a pas conscience de l’importance de son entreprise dans l’écosystème territorial. Il faut lui apprendre à vendre son entreprise non pas au mieux-disant mais à celui qui fera que l’entreprise pourra se développer sur notre territoire. Cela veut dire que le dirigeant connaîtra le prix de son entreprise et celui-ci n’est pas uniquement basé sur le chiffre d’affaires et les résultats mais sur les richesses immatérielles. Ce deuxième volet du Parcours du dirigeant . sera mis en place durant le e semestre . J’ai rendez-vous en décembre avec l’Université Côte d’Azur et le IA pour créer un algorithme qui modélisera une valorisation de l’actif immatériel du chef d’entreprise.
Et la formation des jeunes ?
On y réfléchit aussi notamment sur la mise en évidence des talents des jeunes en amont de leur orientation. L’aval coûte trop cher. On est en lien avec la chambre de commerce et d’industrie et le recteur d’académie. En France, on est bon en formation mais c’est le sourcing qui pose problème.