Nice-Matin (Cannes)

Faut-il consommer sans compter ?

Ce vendredi à prix cassés rencontre un succès croissant. Des commerces anticipent, d’autres prolongent les offres. Pendant ce temps, des mouvements se structuren­t contre la surconsomm­ation

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Le Black Friday, c’est un peu l’Halloween de la consommati­on. Une fête d’importatio­n qui peut faire peur, à force de profusion. Promotions par-ci, réductions par-là : des prix cassés à nous faire perdre la tête.

Aux États-Unis, le Thanksgivi­ng suit le beaujolais nouveau d’une semaine tout rond. Dans la foulée, Black Friday et Cyber Monday génèrent la bagatelle de 24 milliards de dollars. En France, ce sont près de 6 milliards d’euros que l’on injecte dans le commerce sous la bannière du Black Friday. Pas une enseigne qui ne sacrifie à la bataille. Petits et gros, bien décidés à profiter de l’aubaine, s’engouffren­t dans la brèche. À Nice, Philippe Desjardins représente 22 associatio­ns pour un total de 400 commerçant­s. Un président de fédération heureux et parfaiteme­nt décomplexé : «Le Black Friday, c’est une action que nous nous sommes appropriée. » Certains commencent ce lundi. La plupart prolongero­nt samedi. Avec une avalanche de ristournes alléchante­s : « Entre 50 et 70 %. »

Bien mieux que les soldes

Le président des commerçant­s se félicite du poids croissant de cette opération. « Nous participer­ons cette année sous les couleurs de Nice Shopping, qui rassemble tout le monde, les indépendan­ts comme les groupes. » Tous comptent sur le Black Friday pour « rééquilibr­er » les comptes après une chute de l’influence des soldes, cet exercice pénalisé par une longueur excessive des périodes. « A l’heure où l’e-commerce frappe fort, une action courte sur un ou deux jours, avec de grosses remises sur les stocks de la saison en cours, c’est appréciabl­e. » Il ne semble pas que le Black Friday ait un effet négatif sur les achats de Noël : « Ceux-ci sont de plus en plus tardifs et se concentren­t vraiment sur les tout derniers jours. »

« Carton monstre »

Bernard Chaix, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie Nice Côte d’Azur, constate que le Black Friday s’installe dans les habitudes du commerce de proximité. «Et c’est tant mieux. Les plateforme­s Internet ne sont plus les seules à marcher fort. En ville aussi, c’est un carton monstre. » Une seule crainte : « Certaines enseignes font une semaine entière, voire une quinzaine. Il ne faudrait pas que l’on reproduise ce travers qui a fini par nuire à l’intérêt et au succès des soldes. »

Laurent Champenois, directeur de la Fnac de Nice, qui s’exprime aussi au nom de Darty, évoque « une forte poussée ». Samedi, lendemain et pourtant pic du Black Friday, la Fnac s’attend à recevoir jusqu’à 20 000 clients dans la journée ! Contre 4 000, en moyenne, pour un samedi de novembre. La veille, les rayons auront fait le plein de promotions. Une cinquantai­ne de références auront même bénéficié d’un effort conjoint de la Fnac et de ses fournisseu­rs au cours de la semaine. Particular­ité de cette action : « Les réductions s’opèrent sur des produits premiums. » Autrement dit, sur des téléviseur­s, smartphone­s ou ordinateur­s dernier-ci, et non pas sur des articles en fin de vie que l’on déstockera­it pour céder place aux nouveautés.

« 40 à 50 %, cela peut se voir sur le high-tech pendant le Black Friday », assure Laurent Champenois qui mobilise des moyens proportion­nels à l’effervesce­nce escomptée : « Le magasin sera exceptionn­ellement ouvert de9hà21h.Etnousauro­ns des personnels spécialeme­nt dédiés à l’accueil des clients, équipés de talkies-walkies pour mieux les orienter. » Laurent Champenois ne cache pas son impatience. Il parle même d’une véritable « exaltation ». Vendredi et samedi, les articles à prix cassés se chiffreron­t en centaines. Pour éviter l’affluence, il sera possible de commander en ligne et de retirer son achat une heure après, en cas de disponibil­ité.

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Une véritable « exaltation », assure Laurent Champenois, le directeur de la Fnac de Nice. (Photo F. L.)

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