Faut-il consommer sans compter ?
Ce vendredi à prix cassés rencontre un succès croissant. Des commerces anticipent, d’autres prolongent les offres. Pendant ce temps, des mouvements se structurent contre la surconsommation
Le Black Friday, c’est un peu l’Halloween de la consommation. Une fête d’importation qui peut faire peur, à force de profusion. Promotions par-ci, réductions par-là : des prix cassés à nous faire perdre la tête.
Aux États-Unis, le Thanksgiving suit le beaujolais nouveau d’une semaine tout rond. Dans la foulée, Black Friday et Cyber Monday génèrent la bagatelle de 24 milliards de dollars. En France, ce sont près de 6 milliards d’euros que l’on injecte dans le commerce sous la bannière du Black Friday. Pas une enseigne qui ne sacrifie à la bataille. Petits et gros, bien décidés à profiter de l’aubaine, s’engouffrent dans la brèche. À Nice, Philippe Desjardins représente 22 associations pour un total de 400 commerçants. Un président de fédération heureux et parfaitement décomplexé : «Le Black Friday, c’est une action que nous nous sommes appropriée. » Certains commencent ce lundi. La plupart prolongeront samedi. Avec une avalanche de ristournes alléchantes : « Entre 50 et 70 %. »
Bien mieux que les soldes
Le président des commerçants se félicite du poids croissant de cette opération. « Nous participerons cette année sous les couleurs de Nice Shopping, qui rassemble tout le monde, les indépendants comme les groupes. » Tous comptent sur le Black Friday pour « rééquilibrer » les comptes après une chute de l’influence des soldes, cet exercice pénalisé par une longueur excessive des périodes. « A l’heure où l’e-commerce frappe fort, une action courte sur un ou deux jours, avec de grosses remises sur les stocks de la saison en cours, c’est appréciable. » Il ne semble pas que le Black Friday ait un effet négatif sur les achats de Noël : « Ceux-ci sont de plus en plus tardifs et se concentrent vraiment sur les tout derniers jours. »
« Carton monstre »
Bernard Chaix, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie Nice Côte d’Azur, constate que le Black Friday s’installe dans les habitudes du commerce de proximité. «Et c’est tant mieux. Les plateformes Internet ne sont plus les seules à marcher fort. En ville aussi, c’est un carton monstre. » Une seule crainte : « Certaines enseignes font une semaine entière, voire une quinzaine. Il ne faudrait pas que l’on reproduise ce travers qui a fini par nuire à l’intérêt et au succès des soldes. »
Laurent Champenois, directeur de la Fnac de Nice, qui s’exprime aussi au nom de Darty, évoque « une forte poussée ». Samedi, lendemain et pourtant pic du Black Friday, la Fnac s’attend à recevoir jusqu’à 20 000 clients dans la journée ! Contre 4 000, en moyenne, pour un samedi de novembre. La veille, les rayons auront fait le plein de promotions. Une cinquantaine de références auront même bénéficié d’un effort conjoint de la Fnac et de ses fournisseurs au cours de la semaine. Particularité de cette action : « Les réductions s’opèrent sur des produits premiums. » Autrement dit, sur des téléviseurs, smartphones ou ordinateurs dernier-ci, et non pas sur des articles en fin de vie que l’on déstockerait pour céder place aux nouveautés.
« 40 à 50 %, cela peut se voir sur le high-tech pendant le Black Friday », assure Laurent Champenois qui mobilise des moyens proportionnels à l’effervescence escomptée : « Le magasin sera exceptionnellement ouvert de9hà21h.Etnousaurons des personnels spécialement dédiés à l’accueil des clients, équipés de talkies-walkies pour mieux les orienter. » Laurent Champenois ne cache pas son impatience. Il parle même d’une véritable « exaltation ». Vendredi et samedi, les articles à prix cassés se chiffreront en centaines. Pour éviter l’affluence, il sera possible de commander en ligne et de retirer son achat une heure après, en cas de disponibilité.