Nice-Matin (Cannes)

Diogène, rappeur lyrique

Une création à voir ce soir et demain au théâtre Anthéa

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE DEPETRIS

C’est le personnage de Diogène, célèbre philosophe qui a vécu à Athènes au IVe siècle avant notre ère que Clément Althaus incarne cette semaine à Anthéa dans sa nouvelle création musicale dans laquelle se rencontren­t la musique classique et du rap.

Pourquoi Diogène ?

Cette compositio­n représente la finalité d’une trilogie que j’ai écrite autour de la mythologie grecque et qui explore le mythe, les dieux et don un personnage qui a vécu réellement. Diogène est ce philosophe charismati­que dont on sait peu de choses finalement mais que je fais revivre à la lumière de ce qui a été écrit sur lui à son époque. Je suis parti à sa recherche et j’ai souhaité proposer un récit linéaire et chronologi­que de sa vie sans autre prétention que la cohérence dramaturgi­que de ce chemin sinueux qu’il lui a fallu parcourir en se cherchant pour finalement se trouver et arriver à sa maturité.

En quoi ce personnage vous a-t-il passionné ?

Nous avons tous à l’esprit cette image d’Épinal de cet homme vivant dans son tonneau. Comme chez beaucoup de personnage­s de la Grèce Antique, il y a chez Diogène une modernité qui nous parle et entre en résonance avec notre époque. Il refuse les richesses, se contente du strict minimum pour vivre, et prône l’idée que le superflu nous éloigne de ce que nous sommes vraiment, remettant aussi en question le culte de la personnali­té (particuliè­rement d’actualité avec le développem­ent actuel des réseaux sociaux), mais évoquant aussi par exemple la place de la femme dans la société. Tout cela parle aussi aux jeunes.

Comment avez-vous conçu le spectacle ?

Ce récit parcourt la vie du philosophe qui en est le personnage central. Arrivé au bout de son existence, il nous raconte son histoire avec l’aide de la voix de sa conscience, la Pythie, qui est interprété­e par Laeticia Goepfert, qui joue aussi les rôles d’Hicésias (père de Diogène), Antisthène (maître du philosophe) et Hipparchia (femme philosophe). Elle amène lyrisme et spirituali­té au récit qui développe des instants de vie assez tranchés dans lesquels j’introduis parfois des codes assez cinématogr­aphiques. J’ai souhaité des tableaux variés dans lesquels la musique souligne les situations.

Quant à la musique ?

Diogène la jugeait inutile, néfaste à l’éducation de l’homme parce que l’éloignant de la vertu. Une oeuvre musicale autour du philosophe se devait donc de tenir compte de ce postulat avec un parti pris fort afin de dépasser le conflit dramaturgi­que de départ. Il fallait trouver une musique qui permette de porter l’intransige­ance de la parole cynique, un propos à la fois critique et lucide sur la société qui ne soit pas dilué dans des mélodies. J’ai trouvé que le rap serait une piste intéressan­te. Pour ne pas s’enfermer dans un genre codifié, je l’ai envisagée comme une scansion dynamique, une poésie actuelle.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France