Diogène, rappeur lyrique
Une création à voir ce soir et demain au théâtre Anthéa
C’est le personnage de Diogène, célèbre philosophe qui a vécu à Athènes au IVe siècle avant notre ère que Clément Althaus incarne cette semaine à Anthéa dans sa nouvelle création musicale dans laquelle se rencontrent la musique classique et du rap.
Pourquoi Diogène ?
Cette composition représente la finalité d’une trilogie que j’ai écrite autour de la mythologie grecque et qui explore le mythe, les dieux et don un personnage qui a vécu réellement. Diogène est ce philosophe charismatique dont on sait peu de choses finalement mais que je fais revivre à la lumière de ce qui a été écrit sur lui à son époque. Je suis parti à sa recherche et j’ai souhaité proposer un récit linéaire et chronologique de sa vie sans autre prétention que la cohérence dramaturgique de ce chemin sinueux qu’il lui a fallu parcourir en se cherchant pour finalement se trouver et arriver à sa maturité.
En quoi ce personnage vous a-t-il passionné ?
Nous avons tous à l’esprit cette image d’Épinal de cet homme vivant dans son tonneau. Comme chez beaucoup de personnages de la Grèce Antique, il y a chez Diogène une modernité qui nous parle et entre en résonance avec notre époque. Il refuse les richesses, se contente du strict minimum pour vivre, et prône l’idée que le superflu nous éloigne de ce que nous sommes vraiment, remettant aussi en question le culte de la personnalité (particulièrement d’actualité avec le développement actuel des réseaux sociaux), mais évoquant aussi par exemple la place de la femme dans la société. Tout cela parle aussi aux jeunes.
Comment avez-vous conçu le spectacle ?
Ce récit parcourt la vie du philosophe qui en est le personnage central. Arrivé au bout de son existence, il nous raconte son histoire avec l’aide de la voix de sa conscience, la Pythie, qui est interprétée par Laeticia Goepfert, qui joue aussi les rôles d’Hicésias (père de Diogène), Antisthène (maître du philosophe) et Hipparchia (femme philosophe). Elle amène lyrisme et spiritualité au récit qui développe des instants de vie assez tranchés dans lesquels j’introduis parfois des codes assez cinématographiques. J’ai souhaité des tableaux variés dans lesquels la musique souligne les situations.
Quant à la musique ?
Diogène la jugeait inutile, néfaste à l’éducation de l’homme parce que l’éloignant de la vertu. Une oeuvre musicale autour du philosophe se devait donc de tenir compte de ce postulat avec un parti pris fort afin de dépasser le conflit dramaturgique de départ. Il fallait trouver une musique qui permette de porter l’intransigeance de la parole cynique, un propos à la fois critique et lucide sur la société qui ne soit pas dilué dans des mélodies. J’ai trouvé que le rap serait une piste intéressante. Pour ne pas s’enfermer dans un genre codifié, je l’ai envisagée comme une scansion dynamique, une poésie actuelle.