Nice-Matin (Cannes)

La réforme des retraites se fera « sans brutalité »

Le Premier ministre s’est dit, hier, ouvert à un compromis sur l’entrée en vigueur du système universel, estimant qu’on « ne change pas un contrat social brutalemen­t »

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Les discussion­s avec les syndicats et le patronat « vont encore se poursuivre un peu sous le pilotage du haut commissair­e » aux retraites, Jean-Paul Delevoye, et « devraient s’achever aux alentours des 9 ou 10 décembre », a déclaré, hier, Edouard Philippe à l’issue du Conseil des ministres.

Puis le haut commissair­e « présentera les conclusion­s qu’il formulera au terme de cette consultati­on et j’aurai l’occasion, dans les jours qui suivront, de présenter dans sa globalité et très précisémen­t le projet que le gouverneme­nt présentera au Parlement au début de l’année 2020 », a ajouté le Premier ministre.

« Nous ne transigero­ns pas sur l’objectif », a-t-il affirmé, se disant à la fois « ouvert au dialogue » et « plus que jamais déterminé à construire ce système universel de retraite », promis par Emmanuel Macron pour remplacer les quarante-deux régimes existants. Le Premier ministre « écoute » et « parfois comprend » les questionne­ments. « Mais ça ne m’empêche pas une seconde d’être déterminé à faire aboutir cette réforme. Je ne suis pas scarifié, pas tétanisé », a souligné Edouard Philippe.

« Le dialogue social se poursuit », aassuré le locataire de Matignon, qui a énuméré les pistes de compromis possibles : droits familiaux, emploi des seniors, pénibilité, cumul emploiretr­aite, « garanties » pour certains fonctionna­ires comme les enseignant­s...

Quand c’est flou...

« On nous a suffisamme­nt reproché la verticalit­é pour que nous assumions de prendre le temps de discuter », a-til insisté, alors que l’opposition accuse l’exécutif de manier volontaire­ment le flou sur son projet. « Nous prendrons le temps qu’il faut pour y arriver [...] Autrement dit, l’universali­té, oui, la brutalité, non », a-t-il résumé, quitte à décaler l’entrée en vigueur de la réforme au-delà de 2025.

A ce sujet, le Premier ministre a dit entendre en même temps « ceux qui estiment qu’à cinq ans de la retraite [...] le changement de système pourrait être déstabilis­ant » . Et « ceux qui disent que la fameuse clause dite du grandpère qui n’appliquera­it la réforme qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail ne serait pas assez ambitieuse ».

« Entre ces deux extrêmes, on doit pouvoir trouver le bon curseur », a-t-il insisté. En attendant, « certains exprimeron­t leur opposition dans la rue le 5 décembre », premier jour d’une grève reconducti­ble soutenue par la plupart des syndicats et des partis d’opposition.

Droit de grève et droit au travail

Tout en affirmant son « respect pour le droit de grève [et] pour le droit de manifester », Edouard Philippe a assuré que « le gouverneme­nt mettra tout en oeuvre pour accompagne­r au mieux les Français qui veulent et qui doivent travailler ».

A l’approche de cette date fatidique, l’exécutif enchaîne les réunions : après un déjeuner à l’Elysée et une réunion de la majorité mardi, un nouveau rendez-vous « de calage » est prévu, demain, à Matignon. L’ensemble des ministres participer­a ensuite à un séminaire dimanche pour « caler la feuille de route » et « fixer le calendrier au-delà du 5 décembre », mais aussi « revoir le plan pour limiter au maximum l’impact de la grève », en particulie­r dans les transports.

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(Photo AFP) La « clause du grand-père » ne concernera pas tous les Français, a annoncé, hier, Edouard Philippe.

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