Nice-Matin (Cannes)

L’insécurité entre en gare

Insécurité, incivilité­s, trafics de stupéfiant­s... Agents de sécurité de la gare SNCF et employés sur place tirent la sonnette d’alarme et dénoncent des conditions de travail intenables

- SANDIE NAVARRA snavarra@nicematin.fr

Lamentable ! Cet endroit est la vitrine de Cannes, le premier endroit que voient les vacanciers qui arrivent en train. Et c’est une catastroph­e », déplorent plusieurs agents de sécurité de la gare SNCF. « Tout ce que l’on peut faire, c’est alerter les voyageurs : “Attention à vos sacs, gare aux pickpocket­c.”».

Depuis quelques mois, ils font face « à une recrudesce­nce d’incivilité­s » devenues selon eux impossible à gérer.

« On est devenu un refuge social »

Des exemples ? «Ilyauntraf­ic de stup bien organisé qui s’est installé. Des agressions verbales et insultes quotidienn­es, des SDF alcoolisés et agressifs qui réclament de l’argent aux passants, des vols de portable et des pickpocket­s, sans parler des migrants qui sont là le soir, parfois avec des bébés, et dont on ne sait pas quoi faire ! On est devenu le refuge social de Cannes...» L’un d’entre eux pointe les ascenseurs, hors service et dont les boutons ont été collés à la glu. Montre les toilettes, payantes « mais où beaucoup ne daignent laisser quelques centimes, en toute impunité. En haut, les bancs ont été enlevés pour éviter les squats. Mais les dealeurs sont quand même là. Ils savent où sont les caméras de vidéosurve­illance, et ils ont carrément cassé des lumières pour être plus discrets... Il y a quelques jours, on a retrouvé un couteau dans une jardinière. »

Aujourd’hui, « ce sont les agents de sécurité qui ne se sentent plus en sécurité ! Un comble. On fait notre métier les mains dans le dos, on a aucune marge de manoeuvre ! Nous ne sommes ni armés, ni assermenté­s.

Lorsqu’on s’interpose en cas d’altercatio­n, on se fait insulter, voire agresser. »

Les employés sur place abondent : « Je me suis carrément fait gazer parce que je me suis retrouvé au milieu d’une bagarre », témoigne un homme qui préfère garder l’anonymat.

« Moi je ne sors même plus fumer pendant mes pauses. J’en ai marre de me faire racketter des cigarettes, et insulter quand je refuse d’en donner », déplore Aurélie, qui travaille au Relay et subit des vols quotidiens.

« Besoin d’aide »

Sur le parvis, les taxis aussi font part de leur ras-le-bol. « Les jeunes viennent s’asseoir sur les voitures. Et lorsqu’on se fait abîmer un véhicule, on ne peut rien dire sinon on se fait insulter et menacer ! Parfois ils sont une vingtaine. Évidemment, on ne se sent pas en sécurité », s’agace Eric qui lâche, dépité : « J’ai appris que certaines gamines que l’on voit ici se prostituen­t. Un de mes clients s’est fait racoler récemment. »

Une situation devenue intenable pour ceux qui arpentent la gare quotidienn­ement. « La prévention, la pédagogie, ça ne marche plus ! On a besoin d’aide »

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 ?? (Photos Patrice Lapoirie) ?? Agents de sécurité et employés travaillan­t sur place, dénoncent une recrudesce­nce d’incivilité­s.
(Photos Patrice Lapoirie) Agents de sécurité et employés travaillan­t sur place, dénoncent une recrudesce­nce d’incivilité­s.

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