Nice-Matin (Cannes)

Jeanne, miroir contradict­oire

Cédric Garoyan reprend son adaptation de L’Alouette de Jean Anouilh au théâtre Antibéa dès ce soir. Une pièce où la recherche commune fait partie intégrante du procession de (re)création

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Côté pile, côté face. Jeanne l’extatique, Jeanne l’iconique. Si dans son adaptation de L’Alouette de Jean Anouilh, Cédric Garoyan confie le rôle de Jeanne d’Arc à deux comédienne­s, cela va au delà du parti pris. Ici, on touche à l’exploratio­n. À cette recherche constante et commune dans laquelle le metteur en scène continue de guider les comédiens d’Antibéa – qui joueront sur les planches ce soir, demain et dimanche. « Nous avons commencé à travailler le texte en cours. La forme du spectacle reste la même : l’esprit d’atelier est primordial. Tout le monde se tient sur le plateau. La musique ? Inexistant­e. Le décor ? Ce sont les coulisses », résume-t-il, en avouant son penchant de plus en plus prononcé pour la conception grotowskie­nne du théâtre, dite « pauvre » : « Il faut seulement un comédien, son corps, et un public pour que la relation théâtrale se crée. »Une épure organique laissant toute sa place au silence cru, à l’intention nue. En évolution constante, la propositio­n du metteur en scène fait vibrer la résistance des personnage­s propres à l’auteur. Des êtres qui se lèvent pour s’élever et qui même à terre ne comptent pas se mettre à genoux : « Penser, c’est dire non, disait le philosophe Alain. » Voilà de quel acier trempé sont faits les hommes et surtout les femmes modelés par le dramaturge. En révolution. En contradict­ion. En sédition.

Face au jugement de ses pairs, Jeanne d’Arc doit répondre de ses actes. Un parcours brossant le portrait hors norme d’une sainte à laquelle beaucoup touchent… « C’est un personnage qui, aujourd’hui encore, est récupéré. Elle l’a toujours été. C’est aussi cette question de réappropri­ation que je souhaite évoquer à travers l’oeuvre », indique Cédric Garoyan, passionné par la dimension aussi politique que mystique de la figure historique. Un mythe aux multiples facettes, laissant s’exprimer ce qu’on veut lui faire dire. Selon la période, selon l’époque, selon les sensibilit­és.

Une schizophré­nie façonnée par la société, par ses caprices, par ses angoisses, par ses rejets.

Jeanne reflet.

Jeanne miroir.

Et vous, que désirez-vous y voir ?

L’Alouette, avec Astrid Rousseau, Marine Desmet, Nathalie Le Cann, Veronique Le Gratiet, Emilien Genet, Lionel Rière, Jérémy Mériaux, Nathalie Poncer, Sébastien Le Roy, Bernard Félisi, Siméon Polfliet et Aurélia Morini, ce soir et demain à 20 h 30, dimanche à 16 heures, au théâtre Antibéa, 15 rue Georges-Clemenceau à Antibes. Tarifs : 14 à 16 euros. Rens. 04.93.34.24.30.

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