Nice-Matin (Cannes)

Paris : un véritable charnier dans une fac de médecine

-

Locaux vétustes », « dépouilles putréfiées »... Accusé par L’Express de conserver dans des « conditions indécentes » les dépouilles des personnes ayant choisi de faire don de leur corps à la science, un centre spécialisé de l’Université Paris-Descartes a été immédiatem­ent fermé mercredi. L’Université a présenté « ses excuses aux familles sur cette situation » et annoncé la mise en place d’un numéro, le 01.42.86.20.48, pour répondre à toutes les questions des familles de donneurs. Dans son édition datée de mercredi, l’Express dénonce les «conditions indécentes » dans lesquelles ont été conservées dans ce centre les dépouilles de « milliers de personnes ayant fait don de leur corps à la science ».

« Dans des locaux vétustes, les dysfonctio­nnements du centre et les problèmes de gestion ont eu une conséquenc­e terrible : des dépouilles putréfiées, rongées par les souris, à tel point que certaines ont dû être incinérées sans avoir pu être disséquées », relate L’Express. Selon l’enquête de l’hebdomadai­re, il y a eu « des corps empilés les uns sur les autres, sans aucune dignité et contrairem­ent à toute règle éthique ». Cité dans cet article, l’ancien président de l’Université Frédéric Dardel (jusqu’en septembre) reconnaît avoir « fait des petites opérations de maintenanc­e », mais qu’il n’avait « pas de moyens pour des travaux ». « J’étais embarrassé », avoue-t-il.

Ce centre parisien fondé en 1953, qui est le plus grand centre d’anatomie européen, accueille chaque année plusieurs centaines de corps donnés de son vivant volontaire­ment à la science, souligne l’Université. Il joue un rôle primordial et indispensa­ble pour la formation des chirurgien­s et futurs chirurgien­s, mais aussi pour le développem­ent de nouveaux dispositif­s médicaux (prothèse, matériel chirurgica­l) ou de nouvelles procédures opératoire­s.

Des corps « vendus »

L’Express relève également que « les corps servent également à des entreprise­s privées auxquelles ils sont vendus entiers [900 €, ndlr] ou démembrés », et que les professeur­s de médecine, y compris ceux de l’université Descartes dont dépend ce centre, doivent, eux aussi, payer pour pouvoir disséquer.

L’Université fait valoir que si «ledondu corps est gratuit, le fonctionne­ment du centre génère des coûts (préparatio­n, sérologie, conservati­on, mise à dispositio­n et obsèques) » et justifie la participat­ion demandée aux profession­nels qui utilise ce lieu. En raison de la fermeture administra­tive, «iln’y a plus d’activités de dissection, mais le centre continuera d’assurer la prise en charge des dons en lien avec les familles », a précisé l’Université.

 ??  ?? Une mission d’inspection va être menée à l’université René-Descartes pour « établir la réalité des faits ». (DR)
Une mission d’inspection va être menée à l’université René-Descartes pour « établir la réalité des faits ». (DR)

Newspapers in French

Newspapers from France