Nice-Matin (Cannes)

Emmanuel Macron se félicite d’avoir « réveillé » l’Otan

Le chef de l’Etat maintient son analyse sur la « mort cérébrale » de l’Alliance. Mais l’UE « n’est pas à même de se défendre », lui répond le patron de l’Otan

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Emmanuel Macron a assumé, hier, ses propos controvers­és sur l’état de « mort cérébrale » de l’Otan, en appelant l’alliance militaire à se concentrer sur les enjeux stratégiqu­es, en particulie­r la lutte contre le terrorisme.

« J’assume totalement d’avoir levé les ambiguïtés », a déclaré le chef de l’État français à l’issue d’un entretien d’une heure avec le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenber­g à l’Elysée. Les deux hommes ont affirmé leur volonté d’« assurer le succès » du sommet des dirigeants des 29 pays membres de l’Otan mardi et mercredi à Londres, à l’occasion des 70 ans de l’Alliance atlantique.

La préparatio­n de cette réunion, à laquelle participer­a notamment l’Américain Donald Trump, a été troublée par Emmanuel Macron qui a déclaré le 7 novembre, dans un entretien à l’hebdomadai­re britanniqu­e The Economist : « Ce qu’on est en train de vivre, c’est la mort cérébrale de l’Otan. » Cette mise en cause frontale avait été aussitôt dénoncée à Washington, Berlin, Londres, Varsovie ou Ankara. Interrogé sur ses propos, Emmanuel Macron a expliqué les avoir tenus après avoir constaté « une déconnexio­n criante et inacceptab­le » lors des deux derniers sommets de l’Otan, qui « ont été uniquement consacrés à savoir comment on pouvait alléger le coût financier pour les États-Unis », de loin le principal contribute­ur de l’Alliance.

Pendant ce temps, n’étaient pas « résolues » des questions stratégiqu­es sur « la paix en Europe, la relation avec la Russie, le sujet de la Turquie » ou sur « qui est l’ennemi ? » de l’Otan, a ajouté le chef de l’Etat, en citant la lutte contre le terrorisme comme une nouvelle priorité pour les alliés. « Il fallait peutêtre un “wake-up call” [une alarme, ndlr]. Il a été donné et je me félicite que la priorité est plutôt de réfléchir à nos finalités et nos objectifs stratégiqu­es », a-t-il ajouté devant la presse.

L’UE ne peut se substituer à l’Otan

En réponse, Jens Stoltenber­g a assuré que l’Otan avait modernisé sa doctrine et son mode de fonctionne­ment, tout en renforçant ses moyens d’action, notamment dans l’est de l’Europe. Mais, a-t-il insisté, en l’état actuel, l’Union européenne seule « n’est pas à même de défendre l’Europe » et « ne peut se substituer à l’Alliance atlantique ». « Les deux sont les faces d’une même médaille », selon lui. Allant dans le même sens, la nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait affirmé, mercredi, que l’UE et l’Otan n’étaient « pas rivales » mais « complément­aires ».

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Jens Stoltenber­g et Emmanuel Macron : entre les deux hommes, le courant passe plutôt bien. (Photo EPA)

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