Nice-Matin (Cannes)

Pascal Gerace, trente années passées chez Mane

- CORINNE JULIEN BOTTONI

Après Mémoires de Grassois, voici Terre de parfum. Cette nouvelle rubrique hebdomadai­re met en lumière une personne ayant un lien avec les métiers de la parfumerie.

Après une carrière de peintre en bâtiment, Pascal Gerace, né en Italie, le 21 juillet 1945 doit se reconverti­r, la société grassoise qui l’emploie ayant décidé de cesser son activité.

« J’avais presque trente ans et étais déjà père de famille, aussi me suisje aussitôt mis en quête d’un travail » raconte Pascal qui se souvient de l’angoisse qui l’avait alors étreint. En se présentant chez le parfumeur Mane, on lui propose un poste de magasinier qu’il s’empresse d’accepter, trop heureux d’avoir trouvé aussi rapidement un emploi. Six mois plus tard, il devient aide-préparateu­r, une fonction totalement différente de sa formation initiale, mais qui va lui permettre de découvrir l’univers mystérieux de la parfumerie, des laboratoir­es et des effluves enivrants qui flottent au coeur des locaux.

La chambre forte des absolus

« J’ai vraiment appris sur le terrain et je dois beaucoup à la préparatri­ce en poste, Francine Morganti, qui m’a formé, en faisant preuve de patience et de pédagogie, moi qui semblais tout à fait étranger à la parfumerie. »

In fine, l’essai se révèle si concluant que le jeune homme remplace la laborantin­e en titre lors de son départ à la retraite. Pascal travaille alors dans un vaste laboratoir­e qui se trouve à côté d’une pièce dont la porte est blindée. Il s’agit d’une véritable chambre forte de 40 m2 où sont précieusem­ent conservés les absolus et les essences. Toute la journée, le nouveau préparateu­r effectue des pesées précises pour des formules qui ne tolèrent aucun droit à l’erreur. Et notre retraité d’ajouter : « C’étaient des produits millésimés et les dosages devaient être d’une précision sans faille. » L’usine possède son propre service d’expédition. Là aussi, tout se déroule dans la précision et la rigueur. À l’époque, pas d’informatiq­ue, tout est rédigé à la main, d’une belle écriture qui se marie parfaiteme­nt avec le monde élégant du parfum. Parfois, le préparateu­r se transforme en guide. Il accueille des stagiaires, leur fait découvrir son domaine et sentir les produits nobles au moyen de mouillette­s.

Roger, le chauffeur de bus de l’usine

L’ambiance est toujours conviviale et les employés partagent de nombreuses activités communes.

« Je me souviens du bus affrété par l’usine qui était mis à la dispositio­n des salariés. Matin, midi et soir il effectuait des navettes régulières, avec des arrêts sur le Cours, aux Casernes, à la gare routière. Roger, le chauffeur était sympathiqu­e et c’était un peu une grande famille qui se retrouvait chaque jour à l’intérieur du car. »

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(Photo DR et C.J.B.) Hier : Pascal Gerace.
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