Fiscalité du gazole : les professionnels du BTP bloquent des dépôts pétroliers
A une semaine du mouvement national contre la réforme des retraites, des professionnels du BTP de l’Ouest bloquaient, hier, des dépôts pétroliers pour défendre leur avantage fiscal sur le gazole, emboîtant le pas aux routiers mobilisés contre la hausse du carburant.
Les dépôts pétroliers de Vern-sur-Seiche, au sud de Rennes, de Lorient et de Brest étaient toujours bloqués vendredi en fin d’après-midi, selon les préfectures concernées. Celui du Mans est bloqué depuis jeudi après-midi, les autres l’ont été dans la nuit par quelques dizaines de personnes. La quinzaine de personnes d’organisations du bâtiment (CAPEB, CNAPT) qui bloquaient le dépôt pétrolier de La Pallice à La Rochelle depuis 23h00 jeudi a levé le camp, hier vers 16h30, a indiqué la préfecture. « La fin du gazole non routier va nous coûter 10 % d’impôts supplémentaires sur notre chiffre d’affaires, c’est intenable », a déclaré Nobert Guillou, patron d’entreprise de travaux publics et président du syndicat professionnel CNATP du Morbihan, devant le dépôt de Lorient. « On ne bougera pas tant que le gouvernement ne cédera pas. Ils nous prennent pour des imbéciles, donc on est déterminés. On restera une semaine minimum », a-t-il assuré.
« Ne pas tomber dans la psychose »
Les professionnels des travaux publics dénoncent la suppression progressive de la niche fiscale sur le gazole non routier prévu dans le projet de loi de finances pour 2020. Le gouvernement avait déjà tenté de la supprimer fin 2018, avant de faire machine arrière. Les manifestants envisagent une poursuite jusqu’à la grève du 5 décembre contre la réforme des retraites. L’approvisionnement des stations-service n’est pour l’instant pas menacé. Dans le Finistère, la préfecture a indiqué à l’Agence France Presse (AFP) que les stocks de produits pétroliers étaient «trèsbons» , invitant les automobilistes à « ne pas tomber dans la psychose ».
« Il n’y a pas d’inquiétude particulière sur l’approvisionnement de notre réseau », a abondé un porte-parole de Total à l’AFP. Les « opérateurs ont l’habitude de s’organiser », a souligné pour sa part l’Union française des industries pétrolières (Ufip). « Cela peut signifier détourner les camions, des tournées de camions un peu plus longues, du produit qui est envoyé par train, par barge, par pipeline... », a déclaré Alain Castinel, directeur de la communication de l’Ufip.