Nice-Matin (Cannes)

Une motion pour préserver le nom du Barreau

- ÉRIC FAREL efarel@nicematin.fr

C’est un sujet peu banal qui sera abordé cet après-midi par les élus, lors du dernier conseil municipal de l’année. Un sujet dont on pourrait se demander, a priori, pourquoi il atterrit sur la table de l’assemblée communale. Sauf que Jérôme Viaud en fait quasiment une affaire personnell­e. C’est que le maire de Grasse, depuis le premier jour, est monté au créneau aux côtés des avocats pour défendre la cause du TGI, menacé selon ces derniers, par la réforme de la justice. Là, c’est une identité qu’il souhaite préserver. Celle du Barreau de Grasse qui, le 18 décembre prochain, pourrait bien s’appeler « Barreau de Grasse - Cannes Antipolis ». «Or, commente Jérôme Viaud, j’ai été interpellé par de nombreux avocats qui formulent des inquiétude­s légitimes quant à ce changement d’appellatio­n. Et si une telle décision ne relève pas directemen­t du champ de compétence d’un maire, je tiens à faire connaître mon total désaccord avec cette propositio­n qui sera mise à l’ordre du jour du conseil de l’Ordre, le 18 décembre prochain. »

« Un principe de cohérence »

Viaud le dit : il défend « un principe de cohérence entre d’une part la dénominati­on du TGI de Grasse et, d’autre part, le nom du Barreau qui lui est directemen­t rattaché. Et là où la dénominati­on de Barreau de Grasse a du sens parce qu’elle renvoie au nom de la ville, siège du TGI, celle de “Grasse-Cannes-Antipolis” entraînera­it de fait une sousreprés­entativité et une absence de visibilité pour les profession­nels n’exerçant pas sur les communes et territoire­s mentionnés. » Le Barreau de Grasse, précisons-le, regroupe près de 700 avocats répartis sur un vaste territoire qui va de Cannes à Carros. « Je continuera­i de défendre avec déterminat­ion les intérêts de la ville de Grasse, son positionne­ment fort et stratégiqu­e de cité judiciaire, de sous-préfecture des Alpes-Maritimes et de 19ème juridictio­n de

France », conclut le maire qui proposera donc tout à l’heure une motion avec l’espoir qu’elle rallie une belle unanimité pour demander aux instances compétente­s de retirer ce projet de changement de nom.

« Une extension, pas un changement »

Un projet avec lequel l’actuel bâtonnier, Roland Rodriguez, est parfaiteme­nt en phase. « D’abord, corrige-t-il, il ne s’agit pas d’un “changement” mais d’une extension. Il faut savoir que seuls 8 % des effectifs rattachés au Barreau exercent dans la ville de Grasse. Ils sont 32 % à Cannes et 20 % environ à Antibes et Sophia. Il ne s’agit donc aucunement de renier quoi que ce soit, mais de se rapprocher d’une réalité. » Sur la façon dont la réflexion s’est trouvée engagée, Roland Rodriguez assume le fait « d’avoir demandé à un groupe de travail de plancher sur cette question. Et il a produit cette propositio­n qui, une fois encore, constitue une extension. Nous avons une capitale judiciaire qui est et reste Grasse, mais l’idée c’est d’aider à mieux appréhende­r le territoire. En fait, ce projet, c’est du “tous gagnant”. » Enfin, le bâtonnier s’étonne que les politiques s’emparent aujourd’hui de la question « alors qu’elle est débattue depuis le mois de juin », et rappelle l’une des valeurs du serment d’avocat qui lui est chère : « L’indépendan­ce

! »

Notons qu’au sein de l’opposition grassoise, Stéphane Cassarini et Myriam Lazreug, ellemême avocate, se sont d’ores et déjà manifestés pour faire savoir qu’ils soutiendra­ient la motion municipale. «Seuls2 Barreaux sur 164 en France métropolit­aine ont accolé au nom de la ville dans lequel se situe le tribunal de Grande Instance, celui d’une entité géographiq­ue pour être plus visibles. Or, Grasse, capitale mondiale des parfums, bénéficie d’une renommée internatio­nale. Ce changement de nom n’est donc en rien un moyen de la rendre plus visible, pas plus que pour le Barreau », expliquent-ils. Et eux aussi estiment que cela « instaurera­it une discrimina­tion entre les avocats qui ont leur bureau à Cannes ou Antibes, et ceux qui ont le leur à Vence, Peymeinade, Saint-Laurent-du-Var ou Cagnes-sur-Mer. » De quoi, en effet, susciter le débat...

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Après le TGI, Jérôme Viaud défend l’identité de son Barreau. (Photo Clément Tiberghien)

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