Nice-Matin (Cannes)

Kheiron : « Je veux un rire toutes les  secondes »

Le comédien humoriste, découvert dans la mini-série Bref, vient présenter au théâtre de Grasse son spectacle 60 minutes avec Kheiron, basé sur l’improvisat­ion

- PROPOS RECUEILLIS PAR MAXIME ROVELLO mrovello@nicematin.fr

Discuter avec Kheiron de son spectacle est une chose peu aisée. La raison ? Il est presque impossible d’en parler car ce one man show est basé sur l’improvisat­ion. Si vous ne savez pas ce que vous allez voir, lui ne sait pas ce qu’il va vous dire. Ainsi se crée le concept de « soirée unique » où chaque prestation est différente de la précédente. 60 minutes avec Kheiron (dont la salle du Théâtre de Grasse affiche complet depuis plusieurs mois) est donc une discussion naturelle avec le public que l’humoriste va agrémenter de blagues et autres observatio­ns qu’il fera au cours de la soirée. Et si la discussion n’est donc pas aisée, elle n’est pas pour autant désagréabl­e puisqu’elle est remplie d’anecdotes compilées au fil de plusieurs centaines de spectacles joués en France.

Pourquoi un spectacle basé sur l’improvisat­ion ?

Il y a plusieurs raisons. D’abord, je m’ennuie très vite. J’ai besoin de me lancer des défis et avec ce spectacle, je suis très excité car il n’y a pas de routine. Ensuite, Je n’ai pas de mémoire. Je n’arrive jamais à me souvenir de mes textes. Puis je voulais me démarquer des autres humoristes. Au final, ce spectacle est une grande discussion, avec beaucoup de rythme. Il y a des humoristes qui sont axés sur l’interpréta­tion de personnage­s ou qui veulent toucher le public en jouant d’un instrument par exemple. Moi, mon axe, c’est le rythme. J’ai une horloge dans la tête et je veux un rire toutes les  secondes.

C’est un exercice risqué. Vous n’avez pas peur du blanc ?

J’ai une règle, c’est de ne pas en avoir peur. Ce n’est pas mon ennemi, le bide oui. C’est vrai que c’est un risque mais j’ai de l’expérience et un stock de blagues conséquent, je peux rebondir.

C’est donc l’occasion d’aborder beaucoup de sujets. Vous vous interdisez de parler de certains ?

Je ne m’en interdis aucun. Le public est mon co-auteur. C’est en fonction de lui que je sais si je peux aller sur tel ou tel terrain. Quand on me pose la fameuse question “peut-on rire de tout ?”, je réponds que vous avez le droit de décider de ce qui vous fait rire, pas de ce qui est drôle. Il m’arrive d’être piquant mais je suis en réalité bienveilla­nt. Je ne juge pas le physique. Je crée un personnage autour de mon interlocut­eur en forçant les traits, et c’est de lui que je vais me moquer. J’ai eu une fille qui a fait une faute de français en me répondant, je lui ai créé un personnage caricatura­l de téléréalit­é, avec une attitude propre. Parfois, ça colle à la peau même après le spectacle. Ce qui est compliqué, c’est que je n’ai parfois droit qu’à une réplique pour trouver le personnage.

Vous arrive-t-il d’être encore surpris par vos échanges avec le public ?

Tout le temps. Il se passe toujours quelque chose. L’autre jour, une personne était tellement à l’aise qu’elle a sorti une phrase de raciste primaire. Je suis resté sans-voix. La vidéo, car je filme chaque soir, sera bientôt visible sur ma chaîne Youtube. Une autre fois, un type est arrivé en retard, complèteme­nt bourré et est monté sur la scène. Ça pouvait paraître drôle mais en réalité il m’a ruiné la soirée. Ou encore, un autre soir toujours pendant le spectacle, quelqu’un m’a lancé un avion en papier depuis un balcon, en me criant de l’ouvrir. Il m’avait lancé son CV pour postuler dans l’équipe de production de mon prochain film. Il se passe toujours quelque chose d’incroyable.

Et vous avez assez de  minutes pour tout ça ?

En général oui car le rythme est effréné mais ça peut arriver que je déborde. Je fais en moyenne entre  et  minutes de spectacle. On me fait un signal quand l’heure est atteinte mais je ne le dis pas au public. De toutes les manières, le cerveau sature au bout d’une heure.

Vous postez sur vos réseaux une photo avec votre public du soir sur un thème particulie­r. Déjà une idée pour Grasse ?

Pas vraiment car le thème est fixé pendant la soirée. À la fin du spectacle, je demande aux gens ce qui les a marqués et on fait une photo en fonction. C’est comme une signature, un lien qui nous unit et qui n’appartient qu’à nous.

Un mot pour ceux qui vont venir ce soir ?

Je suis très content de venir car je sais que le spectacle est complet depuis des mois. Ça me touche beaucoup. Comme je communique beaucoup avec le public pendant mon spectacle, les gens qui viennent ensuite essaient de préparer des choses, d’être drôle. Il ne faut pas. Ils doivent être naturels. C’est comme quand on veut plaire, il ne faut pas se forcer sinon ça ne marche pas. Mais je sais qu’on va bien s’amuser.

 ?? (Photo Audoin Desforges) ?? En plus de faire de la scène, Kheiron a écrit et réalisé deux films : Nous trois ou rien () et Mauvaises herbes (). Le prochain, Brutus vs César, sortira en avril .
(Photo Audoin Desforges) En plus de faire de la scène, Kheiron a écrit et réalisé deux films : Nous trois ou rien () et Mauvaises herbes (). Le prochain, Brutus vs César, sortira en avril .

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