Nice-Matin (Cannes)

Prison et hôpital psy : la violence plus présente mais pas inéluctabl­e

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« La violence est parfois à l’origine de la mesure de privation de liberté. Dans d’autres cas, c’est la privation de liberté elle-même qui suscite une réaction violente », écrit la Contrôleur­e générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan, dans un rapport publié hier.

Cette violence est un « point commun » entre les différents lieux de privation de liberté que visite la contrôleur­e : cellules de prison et de garde à vue, hôpitaux psychiatri­ques, centres de rétention pour étrangers, etc. La violence peut s’exercer entre les personnes privées de liberté mais aussi contre ou par le personnel.

La contrôleur­e « observe de plus en plus de violence entre les personnes au fur et à mesure de ses visites dans les lieux de privation de liberté et des courriers » qu’elle reçoit, déplore-t-elle. « Nous avons constaté cette augmentati­on des tensions principale­ment en prison, explique-t-elle. Nous avons donc voulu alerter les autorités. »

« Causes multifacto­rielles »

Or les autorités doivent s’assurer qu’une personne « ne se trouvera pas dans un état plus dégradé » à l’issue de sa privation de liberté.

Les causes de cette violence sont « multifacto­rielles ». Parmi elles, au-delà des histoires personnell­es, il y a la promiscuit­é, la surpopulat­ion, la vétusté des établissem­ents ou les nuisances sonores. La contrôleur­e évoque aussi « des usages illégitime­s ou disproport­ionnés de la force » de la part de personnels.

Mais cette violence « ne doit pas être considérée comme une fatalité et n’est pas inéluctabl­e », assure Adeline Hazan, qui formule trente recommanda­tions. Elle demande un meilleur recensemen­t des actes de violence afin d’élaborer une politique de réduction des risques. Lors de leur formation, les personnels doivent recevoir un enseigneme­nt sur la prise en charge des violences. «La force, trop employée, ne doit être utilisée qu’en dernier recours. Il faut que les personnels apprennent les techniques de désescalad­e », estime la Contrôleur­e. De plus, il doit y avoir davantage de personnels, « notamment la nuit où les tensions augmentent ».

Autre recommanda­tion : toutes les personnes privées de liberté doivent « pouvoir bénéficier d’un hébergemen­t individuel ». Par ailleurs, celles-ci et les personnels doivent savoir comment signaler un acte de violence, ce qui doit pouvoir être réalisé de manière « simple » et « confidenti­elle ».

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