Quand les superstitions des marins vous sont contées
Chaque vendredi 13, à 13 h 13, le musée de la Marine de Toulon propose une visite guidée (1) ésotérique sur les superstitions, croyances et traditions. Ça tombe bien : vendredi, on est le 13 !
Dans le monde superstitieux des marins, il faut être sacrément culotté, ou irrespectueux des traditions, pour oser baptiser son bateau Vendredi-13. En 1972, c’est pourtant le nom que Jean-Yves Terlain donna à son troismâts avant de s’aligner au départ de la Transat anglaise. S’il ne gagna pas la course, le navigateur ne connut pas non plus de fortune de mer.
D’autres bateaux ont eu beaucoup moins de chance… Qu’on accorde du crédit ou pas à ces croyances de vieilles femmes, certains événements – forcément tragiques – peuvent semer le doute, même chez le plus cartésien des gens de mer.
Un sac de marin plein de malices
Ainsi, sans vouloir offenser la mémoire des 32 victimes, le naufrage du paquebot Costa Concordia eut lieu un… vendredi 13. Rien de surprenant, diront certains qui n’ont pas oublié que, lors du baptême du navire, la bouteille de champagne lancée contre la coque du navire ne se brisa pas ! Or, selon un vieux proverbe, « un navire qui n’a pas goûté au vin, goûtera au sang », rappelle Christine Joly, guide au Musée national de la Marine de Toulon. Mais que ceux qui sont intéressés par les croyances des marins se rassurent : le ton de la visite organisée les vendredis 13 est plutôt léger. « Cette thématique des superstitions est avant tout une façon différente, ludique de découvrir autrement la collection permanente du musée », confie Christine Joly.
Le sac de toile qu’elle transporte comme un vieux loup de mer ces jours-là en atteste. Les modèles d’instruction, ces deux grandes maquettes qui constituent le trésor du musée, sont l’occasion d’évoquer la vie à bord au XVIIIe siècle. De son sac à malices, la guide sort un « bout ».
« Le mot corde porte malheur. On n’en connaît que deux à bord des navires : l’une pour la cloche, l’autre pour pendre les criminels », explique Christine Joly. Avant de montrer à son auditoire comment faire un noeud en huit : « On étrangle sorcière, on lui crève un oeil et on lui tire les cheveux. » Un peu plus loin, c’est une marotte en forme de lapin qui fait son apparition. Le rongeur, à qui l’on prête quelques naufrages pour avoir dévoré l’étoupe utilisée pour l’étanchéité des navires, n’est pas le bienvenu à bord.
Les marins ne prononcent d’ailleurs jamais son nom et lui préfèrent les périphrases « grandes oreilles »ou « cousin du lièvre ». Cette superstition a survécu à la disparition de la marine en bois et vous ne mangerez jamais un bon lapin à la moutarde à bord du porteavions Charles-de-Gaulle !
Toucher le pompon
Une visite sur cette thématique ne serait pas tout à fait complète, surtout à Toulon, sans évoquer le pompon des marins. Selon une croyance populaire, toucher un pompon porterait chance. À condition que le marin ne s’en aperçoive pas. Quant à l’origine de sa couleur rouge, les guides du Musée de la Marine se feront une joie de vous l’expliquer.
Et si, à l’issue d’une visite passionnante d’une heure et demie, vous ne croyez pas que le vendredi 13 porte malheur, vous aurez toujours le temps d’aller jouer au Loto…