Nice-Matin (Cannes)

Thomas Pelisero, un plombier « centenaire »

Depuis l’arrière-grand-père Jean, qui fut apprenti, voilà un siècle que cette famille exerce ce métier avec dévouement, et participe à de nombreux gros chantiers cannois

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Comme un bon tuyau, qu’on se refile de père en fils. Voilà bien des plomb (e) s que les Pelisero zinguent à tout va, sans jamais péter un boulon. Un siècle de plomberie ! Pompes Caterpilla­r aux pieds, carrure de judoka, chemise de bûcheron, veste branchée et barbe-moustaches finement taillées de gentleman hipster, c’est le dernier maillon de la chaîne, Thomas, qui vient nous conter la saga familiale. Une sorte de « Super Mario » cannois, spécialisé dans les nouvelles énergies et technologi­es de chauffage et climatisat­ion. Mais lui se souvient avec respect et humilité des premiers pas dans le métier de son arrière-grandpère Jean, qui a vu le jour à Cannes en 1891.

André à pied, le charreton à bout de bras

« À 12 ans à peine, il avait arrêté l’école pour travailler comme apprenti, souligne Thomas. Très tôt le matin, il partait à pied depuis le domicile familial du chemin de la Merlette, et prenait le charreton à bout de bras pour transporte­r des couronnes de plombs jusqu’à la rue d’Antibes, avant de revenir par les mêmes moyens le soir ». Éprouvé par un dur labeur, Jean devra aussi faire front face aux horreurs de la guerre. Comme tous les ouvriers et artisans de France, envoyé en première ligne dans un conflit auquel il ne comprenait rien. Durant quatre ans dans les tranchées, sans avoir les moyens de revenir voir sa famille en permission. « Un poilu pur et dur, qui a continué de se faire la main en créant des oeuvres d’art avec des têtes d’obus ».

À la démobilisa­tion, Jean aura perdu son innocence et un S à son nom de famille, égaré lors d’un recensemen­t. Mais l’ex-soldat aura gagné l’expérience pour créer sa propre entreprise. Bientôt ce sont ses deux fils, André et Charles, qui prennent le relais d’une société désormais baptisée Jean Pelisero et fils. Le grand-père André oeuvre si bien que la boîte compte jusqu’à 50 employés « qui ont oeuvré sur de multiples chantiers du bassin cannois, notamment la ZAC des Mimosas ».

Conduite à tenir !

Lui aussi, décédé en 2017 à 92 ans, avait mille et une anecdotes à raconter sur sa vie. Notamment ce jour de 1940, où avec son frère Charles, il s’était rendu à vélo jusqu’à Toulon pour trouver de la nourriture, et avait assisté impuissant au bombardeme­nt de la cité varoise. « Ce jour-là, sur le chemin, j’ai crevé 63 fois ! « disait celui qui aurait pu crever d’un seul coup, roue à plat ou pas.

Le père Jacques (né en 1954), lui, ne se sentait pas forcément de vocation. Mais pépé André aura tôt fait de resserrer les boulons. « Mon père s’est un peu cherché, il a fait des petits boulots à droite à gauche, mais un jour, mon grand-père est allé le chercher par la peau du cul et à 17 ans, il était sur le chantier ! ».

Avec Thomas, bis repetita. Car le jeune papa de 35 ans fut un élève… pour le moins turbulent ! Zéro de conduite, quel paradoxe !

« À l’école, c’est vrai, je faisais le con. Je me suis un peu autoviré de Stanislas. À 17 ans, j’ai donc appris la plomberie sur le tas avec mon père, mais c’est comme si j’étais prédisposé : je m’y suis tout de suite senti bien ! ». Garant de l’héritage familial, Thomas a conservé la clientèle de vieilles familles cannoises fidèles. Mais ses connaissan­ces dans les nouvelles énergies lui permettent aussi de toucher les jeunes cadres qui souhaitent confort et qualité de chauffage et de climatisat­ion.

« Le métier n’en reste pas moins physique, mais grâce à mes aïeux qui ont assis notre réputation, j’ai la chance de faire de beaux chantiers ». Ainsi font siphon les Pelisero, à travers les génération­s… À noter qu’un poste est à pourvoir pour un ouvrier hautement qualifié et autonome.

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Jean Pelisero, l’apprenti plombier a douze ans
(Photo A.C. ) Thomas Pelisero, héritier d’une vocation familiale ancestrale ! Jean Pelisero, l’apprenti plombier a douze ans
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Thomas Pelisero propose aussi la colorisati­on des installati­ons, selon les normes en vigueur, telles cette filtration de piscine ou de cette station de surpressio­n : des oeuvres d’art !

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