Pothain cravache
Le Niçois d’adoption, arrivé sur la Côte en 2018, vise une qualification pour les Jeux sur 200 m NL. Il devra nager 1’47’’02 en avril aux championnats de France
ANice, Jordan Pothain est un fil rouge. Ce nageur que l’on suit avec attention, à chaque échéance nationale ou internationale. Ce week-end n’a pas fait exception. A Jean-Bouin, ses performances ont été scrutées. Il faut dire que l’histoire est belle. En perte de vitesse dans son Isère natale, le gamin d’Echirolles a quitté son cocon en septembre 2018 pour se refaire la cerise. Un départ pour Nice où il espérait chasser les doutes et cette arythmie cardiaque qui lui ont trop longtemps gâché la vie. A son arrivée sur la Côte, le nageur de 26 ans ambitionnait de retrouver son niveau des Jeux de Rio, théâtre de ses records sur 400m (3’45’’43) et 200n NL (1’46’’56). Pour, au bout, se qualifier et briller aux Jeux de Tokyo (24 juillet-9 juillet). Un défi séduisant qui, forcément, attise la curiosité.
: année charnière
Hier, il était donc question de suivre Pothain sur 200m NL. Cette course qu’il a hissée au rang de « priorité » de son programme olympique*, s’il parvient à se qualifier pour l’événement planétaire lors des championnats de France de Chartres (14-19 avril). Troisième en 1’49’’25, le Niçois d’adoption révélait un sentiment mitigé après sa course. « J’attends mieux niveau chrono mais le week-end, dans son ensemble, a été satisfaisant. De bonnes choses se mettent en place. C’est toujours compliqué à dire quand le chrono manque, mais je confirme que je retrouve mes sensations de 2016 et mon meilleur niveau. »
« Sa préparation est consistante et ça se traduit sur les courses, confirme Fabrice Pellerin, son entraîneur. S’il tient encore le
choc une fois qu’il aura eu du repos (le groupe Elite de l’ONN est dans une grosse période de travail, ndlr), il aura les
armes pour aller aux Jeux. Il sera récompensé. »
Pour affoler la concurrence, en marge de respirations et d’une coordination de bras en chantier, Pothain a ciblé un axe majeur de progression. « Je peux améliorer la stratégie de course. J’ai une nage très puissante, plaisante en début de course, mais qui me coûte pas mal sur la fin. On travaille donc des départs plus faciles, quitte à partir derrière, pour utiliser l’énergie que j’ai gardée dans le finish. »
L’Isérois donne raison à son entraîneur au sujet de son besoin de récupération. « Oui, dans une période avec plus de fraîcheur, je vais exploser. J’ai confiance. »
Les progrès techniques ne sont pas les seuls leviers expliquant le retour au premier plan de l’Isérois. La psychologie a aussi joué un rôle prépondérant. Il y a dix mois, à Rennes, Pothain récupérait son titre national sur 200m NL, celui-là même qui le fuyait depuis 2016. Et, forcément, cet or a été le bienvenu.
« C’était important de me repositionner au niveau national », avoue le sprinteur.
« On parle de nageurs qui préparent des échéances internationales mais pour eux un titre national compte beaucoup, dévoile Pellerin. Pour Jordan, ça a été un moment important dans cette période jusqu’aux
Jeux. Ça lui a donné une énergie. Pour la sélection aux Jeux, penser au titre plutôt qu’au chrono est d’ailleurs un bon levier. »
Pothain n’a plus qu’à l’actionner.
* Il cherchera aussi à se qualifier sur 100m NL et à gagner sa place sur le relais 4x100m.