Nice-Matin (Cannes)

Franca, 86 ans, se retrouve sans papiers

- S. J.

A 86 ans, Franca, n'est plus française. C’est du moins, ce qu’elle raconte à tous ses proches. Depuis un an, la petite mamie fait des démarches sans obtenir aucun résultat pour obtenir un nouveau passeport et une nouvelle carte d'identité, la sienne est périmée. Franca Sini est née à Gênes. Elle est arrivée en France à l’âge d’un an. En 1955, elle épousait, à la mairie de la cité des Remparts, Yves-Lionel Révelat, né à Cannes, cultivateu­r de son état et issu d'une vieille famille antiboise. L'année dernière, Franca s'aperçoit que sa carte d'identité nationale est venue à expiration. Tout comme son passeport dont la date de validité est dépassée.

Le plus normalemen­t du monde, la vieille dame fait une demande de renouvelle­ment auprès des services préfectora­ux. Demande qui est rejetée car la dame n’a pas fourni son acte de naissance. Franca s’est alors tournée vers l’état civil de sa ville de naissance, Gênes, pour obtenir le fameux sésame. Une demande répétée à plusieurs reprises mais, à ce jour, sans aucun résultat.

« J'ai l'impression de ne plus exister. Du jour au lendemain, je ne suis plus française », explique Franca, petite bonne femme encore très dynamique qui a travaillé toute sa vie dans la restaurati­on. Exactement au restaurant de La Marguerite, sur la place Nationale, au coeur de la vieille ville, mais aussi, de 1972 à 2014, en compagnie de son fils Serge, à l'Excelsior, établissem­ent situé au Pont-Dulys.

Franca ne comprend rien à tout ce qui lui arrive. Elle a en sa possession, ses anciens papiers, son livret de famille, et son acte de mariage. Bref autant de documents qui prouvent sa bonne foi.

Mais comme celles du Seigneur, les voies de l’administra­tion sont elles aussi impénétrab­les. Les services municipaux ont essayé à leur tour de venir en aide à Franca. Mais là encore en vain. Alors que faut-il faire pour redonner ses papiers et ainsi sa nationalit­é française à cette Antiboise connue et appréciée.

En attendant que cette situation plutôt embarrassa­nte pour celle qui en est la victime, s’arrange, mieux vaut entrevoir les choses avec humour. C’est ce que fait son fils Serge qui, dans un sourire malgré tout empreint d’un certain agacement, lance une drôle d’idée : « Je vais aller déposer ma mère à Vintimille de l’autre côté de la frontière. Ainsi, elle pourra revenir en France en tant que migrante et, peutêtre, aura-t-elle enfin l’occasion d’obtenir plus rapidement ses papiers ! »

 ?? (Photo S. J.) ?? Franca et son fils Serge.
(Photo S. J.) Franca et son fils Serge.

Newspapers in French

Newspapers from France