Nice-Matin (Cannes)

« On n’y est pas », dénoncent les associatio­ns

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Les associatio­ns de soutien aux personnes handicapée­s des Alpes-Maritimes et du Var attendent beaucoup des annonces d’Emmanuel Macron aujourd’hui. Notamment en termes d’accessibil­ité des transports, des cabinets médicaux, des logements et de l’inclusion en milieu scolaire et profession­nel.

Transport : des efforts, mais…

● « L’inclusion passe beaucoup par le transport », estime Anthony Sarrento, président de l’Associatio­n des paralysés de France (APF). Dans les Alpes-Maritimes, de gros efforts ont été faits sur l’accessibil­ité des transports en commun, notamment pour se déplacer à l’intérieur d’une même ville. « Mais si vous voulez faire Antibes-Nice, par exemple, c’est plus compliqué. Tous les arrêts de bus ne sont pas aux normes », regrette le président d’APF 06. Un service de substituti­on appelé « Accès 06 » existe sous la forme d’un véhicule PMR. Il faut en revanche réserver une semaine à l’avance.

Davantage de cabinets médicaux accessible­s

Autre problémati­que, l’accessibil­ité des établissem­ents recevant du public et des cabinets médicaux. La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des chances l’exigeait déjà au 1er janvier 2015, avec sanction financière en cas de non-respect. Constatant que l’échéance ne pourrait être tenue, un dispositif d’échéancier­s a été mis en place en 2014 : les agendas d’accessibil­ité programmée (Ad’AP), avec un dépôt de dossier avant le 31 mars 2019. Une façon de contrôler la réelle volonté de se mettre en conformité.

« Les collectivi­tés ont joué le jeu, reconnaît Anthony Sorrento. Certaines proposent des solutions de substituti­on quand cela n’est pas possible. La salle des mariages de Villefranc­he est inaccessib­le : la commune met à dispositio­n la salle des fêtes. Quand il s’agit d’un restaurant, c’est moins grave, on va déjeuner ailleurs. Mais quand il s’agit d’un praticien, c’est problémati­que. Il y a un quartier de Nice où aucun cabinet n’est accessible et où les kinés font peu de domicile… », déplore-t-il, dénonçant le manque de contrôle : « À notre connaissan­ce aucune amende n’a, à ce jour, été demandée. »

● Loin des  % de logements adaptés

Le président de l’APF relate la galère des personnes à mobilité réduite pour trouver un logement adapté, notamment celles en fauteuil. Taille des portes, de la salle de bain, des ascenseurs... La loi Elan (Évolution du logement, de l’aménagemen­t et du numérique) de 2018 prévoit 20 % de logements accessible­s dans toute constructi­on neuve, les autres devant être « évolutifs », c’està-dire rendus accessible­s à l’issue de travaux simples.

« On n’y est pas, regrette Anthony Sorrento. Les normes ne nous satisfont toujours pas non plus. Aucune n’est prévue pour ouvrir la porte d’un immeuble. Des adhérents nous ont indiqué devoir attendre l’arrivée d’un voisin pour pouvoir rentrer ou sortir de chez eux car la porte est trop lourde. C’est triste. »

● Plus d’inclusion en milieu scolaire et par le travail

Plus d’inclusion en milieu scolaire pour les mineurs, par le travail et le logement individuel pour les majeurs : voilà les voeux formulés par l’Adapei des Alpes-Maritimes. L’Associatio­n départemen­tale des parents et amis des personnes handicapée­s mentales accompagne plus de 2 000 enfants et adultes dans 46 établissem­ents : centres d’accueil et foyers, établissem­ents d’aide par le travail (Esat)… Une offre riche, car elle permet aux personnes en situation de handicap « de faire société », mais encore insuffisan­te, selon son directeur Joffrey Henric : « Certains établissem­ents ont une longue liste d’attente. » Résoudre le manque de places par plus d’accompagne­ment en milieu ordinaire semble être la tendance de la politique actuelle, « mais aujourd’hui, les solutions techniques n’existent pas pour le faire », déplore-t-il. Pour l’inclusion en milieu scolaire, « l’Éducation nationale n’est pas prête, en tout cas pas de manière massive », regrette-t-il.

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