Nice-Matin (Cannes)

Bastien donne tort à tous les pronos à coup de chrono

Défiant les potentiels diagnostic­s les plus sombres, le Vallaurien ne lâche rien. Venu au monde avec le syndrome de Malpuech, il suit une discipline de fer : en se dépassant coûte que coûte !

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Le défi ? Il l’affronte sans appréhensi­on. C’est son moteur, son vecteur d’adrénaline. Alors, lorsqu’il s’agit de relever des challenges de plus en plus pimentés, Bastien Nowak s’élance au galop.

Un pas après l’autre. Si aujourd’hui il court, ce n’est pas après le temps perdu. Mais après celui qu’il est en train de gagner. Une victoire.

Une de plus.

Sur qui ? Sur lui-même. Sur quoi ? Sur les diagnostic­s redoutés. Sur les pronostics sombres. Sur les idées préconçues. Une course effrénée que le Vallaurien de 29 ans savoure avec délectatio­n. S’il est debout, ce n’est pas pour faire du surplace.

Avant dans la joëlette, maintenant en baskets

Né avec le syndrome de Malpuech (1), le jeune homme a également vu la fée ténacité se pencher sur son berceau. Sous les regards graves des médecins, il compte faire de sa différence la plus grande des forces. Faisant notamment fi de ses problèmes d’audition, de vue et également d’équilibre, il endosse le kimono.

Le pitchoun de 5 ans n’en démord pas. Sur le tatami, il ne baisse ni la tête, ni les bras. Vice-champion de France de judo handi, son sourire s’élargit lorsqu’il parle de sa ceinture noire : « Depuis ce titre on me regarde toujours. Mais pas parce que j’ai un handicap. C’est parce que j’ai du niveau ! » Fierté.

Mais le sportif n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers.

Preuve en est depuis le début de la grande aventure Ensemble tout est possible. Aux côtés de l’équipe associativ­e, Bastien Nowak exploite son plein potentiel. Et voit son mental d’acier mis à l’épreuve.

Tout ce qu’il aime. Des mois d’entraîneme­nts. De l’acharnemen­t naît l’exploit.

11 novembre 2018.

Date clé.

Le marathon des JO  en ligne de mire

Il troque la joëlette contre des baskets. Ses cinq premiers kilomètres, il les partage aux côtés de son duo de coachs. « On a couru ensemble avec Fabienne. Pour la première fois il a pu s’élancer en tant que coureur à nos côtés sur la ligne de départ. Avant, il était assis dans le fauteuil », indique Eric Veyrier, fondateur de l’’associatio­n qui, un an plus tard va voir son poulain décrocher la médaille du défi du Chott. Premier dans la catégorie senior, il décroche la place devant des concurrent­s valides. Et ce, après une dizaine de kilomètres dans le désert tunisien. « Ce n’était pas facile dans le sable », reconnaît le champion qui a pu s’appuyer sur l’indéfectib­le soutien de son guide. Qui, toujours, l’engage à donner le meilleur de luimême. Si au printemps tous deux attendent de pied ferme le Marathon du golfe de Saint-Tropez, il n’y a aucune excuse pour ne pas enchaîner les foulées et les… plongeons. Condition physique oblige, l’athlète passe de la piste du stade du Fort Carré au stade nautique d’Antibes. Et comme il ne fait jamais rien à moitié, Bastien Nowak a prouvé cet été que le bassin olympique s’est avéré bien petit pour lui : « J’ai fait le tour du Cap d’Antibes à la nage. Avec combinaiso­n et palmes. C’était génial ! » Entre les trails, les semis et autre kilomètres avalés aussi vite que ses petits-déjeuners, le coureur a trouvé son équilibre de vie. Partageant son temps avec son emploi à la mairie de Vallauris, son logement indépendan­t et sa lutte sans merci contre ses multiples handicaps. Une énergie qu’il compte bien investir dans le plus grand de tous ses défis : « Le marathon grand public des JO de Paris en 2024. »

Une épreuve XXL pour laquelle il compte bien décrocher la sélection.

Et ne pensez pas que Bastien Nowak se la joue solo. Ça non. Puisqu’au sein de l’associatio­n, il prend du galon, comme l’explique Eric Veyrier : « Nous courons avec Thomas qui est atteint d’autisme. Ce n’a pas été facile d’obtenir sa confiance au départ. Mais dès qu’il a vu Bastien, il est allé vers lui. Alors, pour la prochaine course, nous serons tous les deux à côté de Thomas pour l’encadrer. » Preuve qu’Ensemble tout est possible, parce qu’ensemble on ne peut qu’aller plus loin. 1. Anomalie génétique rare notamment caractéris­ée par une fente palatine.

 ??  ?? Bastien Nowak et Eric Veyrier : baskets au pied, toujours prêts à s’élancer. (Photo M. D.)
Bastien Nowak et Eric Veyrier : baskets au pied, toujours prêts à s’élancer. (Photo M. D.)
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France