Nice-Matin (Cannes)

Retour à l’envoyeur

- MATHIEU FAURE

Le 1er février dernier, Yannick Carrasco a fait son grand retour en Liga lors du derby de Madrid entre l’Atletico et le Real. Alors que les Matelassie­rs attendaien­t Edinson Cavani, c’est finalement le Belge, passé par Monaco entre 2010 et 2015 (105 matches, 21 buts) qui a débarqué dans les dernières heures du mercato. Un recrutemen­t assez surprenant puisque l’ailier de 26 ans a été prêté par le club chinois de Dalian Pro à Madrid deux ans après son départ de Madrid... pour Dalian. Oui, il y a une petite coquetteri­e derrière tout ça puisque le club chinois est détenu par Wanda Group qui possède également 20 % de l’Atletico Madrid et dont le stade s’appelle... le Wanda Metropolit­ano. Madrid a-t-il actionné en dernier recours ses liens officieux avec Dalian pour rapatrier Carrasco sur la finish line du mercato ? C’est possible. Dans tous les cas, ce retour en Europe répond aussi à une demande du Diable Rouge (41 sélections, 6 buts). Profession­nel, Carrasco a tenu à remercier son club chinois sur les réseaux sociaux à travers un message d’au revoir. « Chers supporters du Dalian, merci pour l’amour que vous m’avez donné, je ne vous oublierai jamais. Vous faites partie de ma vie et ça ne changera jamais. Je veux aussi remercier le staff et vous souhaiter bonne chance pour la suite. Je suis prêt pour un nouveau challenge avec l’Atletico Madrid. Merci ». En Chine, le Belge était pourtant bien entouré puisqu’il avait été rejoint par le milieu slovaque Marek Hamsik ainsi que le coach Rafael Benitez mais l’éloignemen­t a fini par être trop lourd à gérer. En janvier 2019, déjà, Carrasco avait émis le souhait de revenir en Europe un an seulement après son arrivée en Chine. Dans un entretien à SunSport il s’était penché sur son avenir : « J’essaie de faire de mon mieux parce

‘‘ que je suis un profession­nel pour mon équipe. Si beaucoup d’équipes me veulent, mais que le président décide que je dois rester, je ne peux rien faire. (...) Je suis bien ici, le club est bien avec moi, les joueurs et les supporters aussi sont gentils avec moi. Mais je suis loin de ma famille et je pense que je peux faire de bonnes choses en Europe. »

Cette sortie publique n’avait pas fait que des heureux au sein du club de Dalian puisque le gardien de but Yu Ziqian n’avait pas manqué de reprendre le Belge dans un message direct posté sur le réseau social chinois Weibo, s’adressant directemen­t à Carrasco : « Pendant les matchs d’entraîneme­nt, tu restes là, sans rien faire. Tu n’attaques pas, tu ne défends pas. L’ambiance de la séance est complèteme­nt cassée. Peu importe

l’importance d’un joueur, il ne peut se placer au-dessus de l’équipe. J’espère vraiment qu’on pourra te dire au revoir d’une manière sympa, à l’image de l’accueil que l’on t’a réservé. » Bonne ambiance. Neuvième du dernier championna­t (sur seize), Dalian est encore un jeune club mais dont les salaires ont permis de faire des gros coups. En 2018, certains médias espagnols comme la Cadena Cope estimaient que Carrasco allait toucher 15 millions d’euros nets par saison, ce qui permet d’attirer des noms... mais rarement de les garder. Car de nombreux joueurs partis en Chine ont finalement choisi de revenir en Europe, on pense notamment à Axel Witsel, Guillaume Hoarau et Gervinho. Pis, en décembre dernier, le championna­t chinois a décidé de plafonner la rémunérati­on des joueurs étrangers à 2,5 millions d’euros nets annuels, ce qui est une somme conséquent­e mais très loin des salaires précédemme­nt offerts (20M par an à Hulk et Oscar par exemple) qui permettaie­nt, à l’époque, d’attirer des gros CV dans un championna­t très peu médiatisé, très pollué et dont le niveau sportif ne progresse pas beaucoup. Prêté jusqu’en juin à l’Atletico Madrid, Carrasco a surtout en ligne de mire l’Euro 2020 avec la Belgique. Pour le reste, difficile de voir clair car l’Atlético est en pleine reconstruc­tion. A 26 ans, l’ailier a encore de belles années devant lui et il peut enfin s’imposer à Madrid même si des clubs anglais étaient venus aux nouvelles durant l’hiver (Arsenal, Crystal Palace). Après des débuts difficiles, il avait réussi à se faire une place dans le onze de départ de Diego Simeone, marquant même en finale de Ligue des champions 2016 face au Real Madrid (11, défaite aux tirs au but). Ça tombe bien, la Coupe aux grandes oreilles revient bientôt et dans une semaine, c’est le tenant du titre Liverpool qui va se présenter à Madrid pour y défier les Colchonero­s en huitième de finale aller. Une vitrine idéale pour refaire parler de soi et célébrer dignement ce retour sur le Vieux Continent. Du côté de Monaco, on n’a pas oublié son but sur la pelouse de l’Emirates lors d’un huitième de finale aller homérique (3-1).

Je suis loin de ma famille”

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