Meublés de tourisme : « non aux hôtels déguisés ! »
La présidente des hôteliers cannois dénonce les dérives de la location saisonnière via demande à la mairie de prendre des mesures pour réguler cette concurrence parfois le Net et déloyale
Comment réguler la location meublée de tourisme ? Un dossier complexe pour toutes les villes touristiques. À Cannes, au début du mois, la mairie de Cannes a émis un signal fort. En bloquant quatre opérations de transformation d’immeubles d’habitation en meublés de tourisme. Arguant que ces opérations « vident la ville de leurs habitants et doivent être combattues, car elles accentuent la crise du logement et génèrent une concurrence déloyale vis-à-vis des hôteliers ».
Applaudissant des deux mains, l’Union des Hôteliers de Cannes aimerait que la Ville aille plus loin. Hier, Christine Welter, sa présidente, et Bruno Draillard, président de la FNAIM, ont tiré la sonnette d’alarme en mairie auprès du directeur général des services, Thierry Migoule. Objectif : faire évoluer la réglementation pour un rééquilibrage de l’intérêt des acteurs en présence. Interview de la représentante des hôteliers.
Que représente le marché cannois des appartements de tourisme ?
À Cannes, nous comptons chambres d’hôtels pour , millions de nuitées annuelles et appartements pour un million de nuitées annuelles. Sur ces appartements, appartiennent à des propriétaires qui en ont plusieurs. Nous ne sommes pas contre cette offre de meublé qui a toujours existé. Ni contre la personne qui loue sa résidence principale de temps en temps.
‘‘ Avec la limite de jours par an comme le dit la loi.
C’est la dimension industrielle qui nous gêne. Dans certains cas, nous sommes très loin du collaboratif friendly ! On passe à une dimension professionnelle : non aux immeubles transformés en hôtels déguisés en plein centre-ville, avec accueil, ménage, petit-déjeuner... Avec l’uberisation du personnel.
Comment empêcher ces dérives ?
La cible, ce sont ces multipropriétaires de résidences secondaires. Nous demandons de connaître l’offre locative actuelle afin d’avoir une vraie vision. Pour cela, on souhaiterait que la mairie de Cannes acquière le logiciel Trackeet recommandé par l’UMIH de Paris. Cet outil permet de recenser l’ensemble des appartements commercialisés.
Ce n’est pas le cas ?
Non, car % des annonces ne publient pas sur les plateformes leur numéro d’immatriculation qui doit être obtenu auprès de la mairie. Et ne paie donc pas la taxe de séjour. La mairie ne perçoit donc cette taxe que sur % des appartements. Soit € en . C’est , M€ qui sont collectés par les chambres des hôtels cannois... De même que les amendes pour non publication du numéro d’immatriculation
( € pour les propriétaires, € pour les plateformes internet) ne les sanctionnent jamais.
Que proposezvous ?
Nous souhaitons que le
changement d’usage soit mis en place à Cannes. Il faudrait décider qu’au-delà de ou appartements en location meublée détenus par un propriétaire – nombre à définir –, le e ou le e soit soumis au changement d’usage. C’està-dire que le logement sera soumis à la taxation professionnelle. Et que le propriétaire, comme à Nice, serait soumis au principe de compensation. Il devra acquérir un nouveau logement loué en habitation à l’année. C’est à dire que si je détourne un bien de sa destination première qui est l’habitation, je dois fournir à la Ville une habitation de rechange.
Autre mesure souhaitée, le classement de ces immeubles en ERP (Établissement Recevant du public) ?
Classer ces immeubles, c’est les contraindre aux normes de sécurité incendie, qui s’appliquent aux Établissements Recevant du Public, comme à nous les hôteliers...
Votre démarche est corporatiste...
Ce n’est pas qu’un combat d’hôteliers, c’est aussi un combat pour la ville. Il faut retrouver des logements pour les actifs et les cannois. Le centre-ville doit garder son attractivité et des habitants ! Car aujourd’hui, c’est tout un parc locatif qui est supprimé et crée des conflits d’usage au sein des immeubles.
Oui, le taux d’occupation annuel des hôtels cannois est aujourd’hui de %. Pour expliquer les dix points perdus en dix ans, il y a la perte de certains congrès, mais aussi l’effet airbnb... Aujourd’hui, on tire la sonnette d’alarme.
Très loin de l’esprit collaboratif et friendly !”
‘‘
C’est aussi un combat pour la ville”