L’Allemagne sous le choc après une double fusillade
Un tireur de 43 ans a ouvert le feu mercredi soir dans deux bars à chicha à Hanau, faisant neuf morts. Retrouvé mort chez lui, il y avait laissé un manifeste raciste
Des milliers de personnes rassemblées dans une cinquantaine de villes afin de dire non à la haine : l’heure était au recueillement hier soir en Allemagne, confrontée à une menace terroriste d’extrême droite de plus en plus pesante, et où une double fusillade à Hanau, près de Francfort, a fait neuf morts mercredi soir.
Plus tôt dans la journée, la chancelière Angela Merkel a dénoncé «le poison » du racisme, faisant le lien avec d’autres attentats d’extrême droite depuis 20 ans dans le pays, après ces attaques menées par un Allemand aux « motivations xénophobes ».
Parmi les neuf victimes, âgées de 21 à 44 ans, on dénombre en effet cinq Turcs selon le président Recep Tayyip Erdogan, ainsi qu’un Bosnien et un Bulgare. La Confédération des communautés du Kurdistan en Allemagne a de son côté évoqué Parmi les tués figurent « plusieurs victimes d’origine kurde ». L’assaillant présumé, Tobias R., 43 ans, a lui été retrouvé mort dans son appartement, de même que sa mère, tuée par balle, portant le bilan total à 11 morts.
Mercredi soir, un bar à chicha, le Midnight, avait été visé par des tirs dans le centre de Hanau, ville de près de 100 000 habitants à 20 kilomètres de Francfort, avant que le tireur ne gagne en voiture un deuxième établissement, l’Arena Bar, dans le quartier périphérique de Kesselstadt. L’assaillant a sonné à la porte du deuxième bar et tiré sur des personnes présentes dans la zone fumeur, y tuant cinq personnes dont une femme, selon des informations de Bild.
Un manifeste raciste et complotiste
Le parquet antiterroriste cherche à déterminer si l’auteur a pu bénéficier de complicités pour mener ces attaques dont le mobile est « profondément raciste ». Il a laissé derrière lui une vidéo et un manifeste de 24 pages. Il y appelle à « anéantir » la population d’au moins 24 pays, parmi lesquelles celles du Maghreb, du Moyen-Orient, d’Israël ou encore d’Asie du Sud, avançant des thèses racialistes tout en assurant être surveillé depuis l’enfance par une « organisation secrète ». Les enquêteurs ont également retrouvé dans sa voiture des munitions et des chargeurs. Le suspect pratiquait le tir sportif, selon de premiers éléments de l’enquête. Alors que près de 13 000 personnes sont identifiées par les autorités allemandes comme étant des extrémistes de droite « dangereux » (lire ci-contre), le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer, qui a déposé des gerbes de fleurs sur les sites visés avec sa collègue de la Justice, Christine Lambrecht, a promis de nouvelles mesures dans les prochains jours.