Charles-Ange Ginésy : « Les stations de ski doivent accentuer leur polyvalence »
Président du Département des Alpes-Maritimes, mais aussi de l’Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM), CharlesAnge Ginésy comprend l’émoi suscité par l’héliportage de neige à Superbagnères dans les Pyrénées (nos éditions du 17 février). Mais il relativise aussi sa portée. « C’est une décision qui a probablement été prise en désespoir de cause par le maire de Luchon, pour préserver l’économie de sa station qui souffre, comme beaucoup d’autres, d’une année très chaude. La règle est bien évidemment de ne pas avoir recours à l’hélicoptère pour enneiger le domaine skiable. Ça ne peut être qu’une solution ponctuelle. Il faudrait fixer des limites et notre association va d’ailleurs se réunir rapidement pour le faire. » L’élu montagnard azuréen n’en regrette pas moins que « la polémique se soit enflammée, alors qu’il y a des cas d’utilisation d’hélicoptère bien plus graves et que les maires de stations de ski font des efforts extrêmement importants pour s’adapter à l’environnement et réduire leur empreinte carbone, à travers de multiples initiatives comme l’utilisation de navettes électriques ou de dameuses roulant au carburant bio. Cette affaire qui a subi un coup de projecteur médiatique n’est pas la réalité de ce que font les maires en faveur de l’environnement ».
Diversification obligée
« Le ski reste le fer de lance de notre activité, mais nous sommes conscients que le réchauffement est là, qu’il faut s’adapter en diversifiant notre offre et en accentuant la polyvalence des activités été-hiver », poursuit Charles-Ange Ginésy. Face à la précarisation des loisirs hivernaux par le réchauffement climatique, en particulier dans les Alpes du Sud, le président de l’ANMSM plaide pour une approche différenciée, à la carte. « Il appartient à chaque maire de juger de la pertinence des investissements, pour qu’il n’y ait pas de fuite en avant avec des équipements en neige de production qui soient à fonds perdus, sans retour sur investissement. » Mais aucune station n’est à ses yeux condamnée. « Dans les Alpes-Maritimes, le plateau de Gréolières, à faible altitude pourtant, subit des froids violents qui permettent la production et la conservation de neige. Selon que l’on veut faire du ski alpin ou de fond, la quantité nécessaire n’est pas la même. À une altitude de 1 500 m qui peut paraître basse, la station de Beuil se lance dans la production de neige, car elle jouit du froid suffisant pour enneiger son plateau de ski de fond et maintenir une activité hivernale. Il faut réfléchir au cas par cas. »