Nice-Matin (Cannes)

Le col d’Eze les attend

Parti dans un groupe de quatre hommes, dès le dixième kilomètre, Anthony Pérez est parvenu à résister au peloton, pour s’imposer avec une poignée de secondes sur les favoris

- ROMAIN LARONCHE

On imaginait déjà une tentative vouée à l’échec. Partis quelques kilomètres après le départ du Cannet, ces quatre valeureux fuyards (Pérez, Turgis, Janse Van Rensburg et Ellsay) ne pesaient pas bien lourd face à un peloton. Surtout sur un parcours aussi difficile que celui d’hier dessiné dans le haut Var, l’arrière-pays grassois et cumulant plus de 3400 mètres de dénivelé.

« On n’était que quatre, c’était perdu d’avance », lâchait Anthony Pérez, quelques minutes après avoir levé les bras, à l’altitude 500 à Grasse. Car c’est bien le baroudeur de la Cofidis qui est parvenu à résister au retour du peloton. Le Toulousain de 28 ans a tout donné, sans réfléchir, avec son « très bon pote » et ancien coéquipier Anthony Turgis. « J’ai couru trois ans avec lui, je savais que j’allais plus vite que lui au sprint et il le savait aussi. Il a collaboré avec moi alors qu’il se doutait que j’allais gagner. »

Cosnefroy le grand déçu

Chez le vaincu du jour, c’est quand même le sourire qui s’affichait, lui qui venait de décrocher le maillot de meilleur grimpeur. « Avec Antho (Pérez), on sait comment courir. Le but, c’était déjà d’aller jusqu’au bout, de résister au retour du peloton. Et sur un sprint, c’est la jambe qui parle. Je savais qu’il était plus fort, mais avec la fatigue, ça aurait pu... »

Cette fatigue, Pérez l’a mise de côté. Lui ne pensait qu’à une seule chose : s’imposer pour sa mère. « J’ai gagné pour elle, évoquait-il les larmes aux yeux. Elle est décédée deux semaines avant le Tour l’an passé. Elle m’avait demandé de lever les doigts au ciel pour elle. Je l’ai fait pour elle. J’ai déjà gagné des courses (deux étapes sur le Tour du Luxembourg, une sur celui du Gévaudan, Ndlr), je savais que j’étais capable de le faire. » À quatre secondes de celui qui portera aujourd’hui pour la première fois un maillot

‘‘ J’ai gagné pour ma mère, qui est décédée deux semaines avant le Tour l’an passé”

jaune, arrivait le premier homme fort du peloton (Michael Storer). Deux secondes plus tard, tous les favoris du peloton, qui sont restés groupés, notamment Thibaut Pinot, qui les a devancés à la place (lire en page suivante).

Parmi eux, un grand déçu : Benoît Cosnefroy, le puncheur d’AG2R, 7 de

e l’étape.

« J’avais des jambes de folie, une équipe de folie. On a pris nos responsabi­lités, on a roulé, mais malheureus­ement ça n’a pas suffi pour jouer la gagne, pestait le vainqueur de La Marseillai­se et de l’Étoile de Bessèges. J’ai déclenché tôt dans la bosse, ce n’était pas le plan de base, mais je voulais vraiment tenter de gagner quitte à tout perdre. C’était pas loin, c’est dommage, car c’est vraiment le genre d’arrivée qui me convient. J’avais peut-être les meilleures jambes du peloton pour ce type d’efforts... » Aujourd’hui, sur le final au col d’Eze, le Normand aura une nouvelle occasion de faire parler ses qualités d’explosivit­é. Sauf que face à lui, les Quintana, Porte ou Pinot tenteront certaineme­nt de créer les premiers écarts. Pour le général, la course commencera véritablem­ent aujourd’hui.

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 ??  ?? Le baroudeur Anthony Pérez est passé par toutes les émotions hier à Grasse. Il a devancé « un très bon pote », Anthony Turgis, et le peloton qui a échoué à les reprendre. (Photos Sébastien Botella)
Le baroudeur Anthony Pérez est passé par toutes les émotions hier à Grasse. Il a devancé « un très bon pote », Anthony Turgis, et le peloton qui a échoué à les reprendre. (Photos Sébastien Botella)

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